Toi, jour qui
meurs...
Toi, jour qui meurs,
regarde moi de cet œil rouge,
De ce soleil épais se
baignant dans les larmes,
Les pluies grises et
violettes de ces nuages parme,
Tu prétends l'agonie
mais tes paupières bougent.
Toi, jour qui meurs,
tes tristes fièvres et tes maux sourds
s'épandent sur la
ville dans l'été sale et fier,
Et tes sueurs amères
s'écoulent sur les pierres
De ces rues
surpeuplées que foulent des pieds lourds.
Toi, jour qui meurs,
comme j'aimerais porter ta peine,
T'aider à effacer de
ta mémoire vaine,
Le mépris permanent,
et la haine insolente ,
De tous les orphelins
que ton suicide enfante.
Toi, jour qui meurs,
qu'emportes tu dedans ta tombe?
Et moi qui tiens ta
main, tomberai-je avec toi?
Avec ton agonie,
c'est l''agonie d'un monde,
Et la fin de l'empire
dont chacun se croit roi.
Toi, jour qui meurs,
tes maladies sont contagieuses,
Et je sens sur ma
peau souffler ton dernier cri.
Avec lui dans le vent
part un peu de ma vie,
Et le parfum
troublant des amours trop heureuses.
Toi, jour qui meurs,
que laisses tu aux survivants?
Le noir dont se
couvrent les heures endeuillées,
Est une terre vierge
pour les délires ardents,
Qui parcourent la
nuit mon esprit épuisé.
Vois, jour qui meurs,
comme je fuis ton successeur!
Il avance vers moi le
visage masqué,
Et tient entre ses
mains le destin de mes heures.
Moi qui crains le
futur, je pleure un jour blessé.
Toi, jour qui meurs,
auras tu au moins du chagrin?
Vois autour de ton
lit s'amuser les enfants!
Quitteras tu sans
larmes ce peuple libertin,
Qui danse autour des
corps encore chauds des mendiants...
Toi, jour qui meurs,
regarde moi de ton oeil noir,
Quand s'abattent sur
toi de sombres horizons.
Mon ombre
s'allongeant, j'entre dans le hasard,
Sous les yeux enragés
de mille hommes sans nom.
Toi, jour qui meurs,
au matin frais, au matin blanc,
Ton souvenir naîtra
des restes de mes songes.
Ainsi tu resteras,
dans ma mémoire en sang,
Parmi les statues
d'or des amours qui me rongent.