samedi 28 juillet 2012

Toi, jour qui meurs...



Toi, jour qui meurs...


Toi, jour qui meurs, regarde moi de cet œil rouge,
De ce soleil épais se baignant dans les larmes,
Les pluies grises et violettes de ces nuages parme,
Tu prétends l'agonie mais tes paupières bougent.

Toi, jour qui meurs, tes tristes fièvres et tes maux sourds
s'épandent sur la ville dans l'été sale et fier,
Et tes sueurs amères s'écoulent sur les pierres
De ces rues surpeuplées que foulent des pieds lourds.

Toi, jour qui meurs, comme j'aimerais porter ta peine,
T'aider à effacer de ta mémoire vaine,
Le mépris permanent, et la haine insolente ,
De tous les orphelins que ton suicide enfante.

Toi, jour qui meurs, qu'emportes tu dedans ta tombe?
Et moi qui tiens ta main, tomberai-je avec toi?
Avec ton agonie, c'est l''agonie d'un monde,
Et la fin de l'empire dont chacun se croit roi.

Toi, jour qui meurs, tes maladies sont contagieuses,
Et je sens sur ma peau souffler ton dernier cri.
Avec lui dans le vent part un peu de ma vie,
Et le parfum troublant des amours trop heureuses.

Toi, jour qui meurs, que laisses tu aux survivants?
Le noir dont se couvrent les heures endeuillées,
Est une terre vierge pour les délires ardents,
Qui parcourent la nuit mon esprit épuisé.

Vois, jour qui meurs, comme je fuis ton successeur!
Il avance vers moi le visage masqué,
Et tient entre ses mains le destin de mes heures.
Moi qui crains le futur, je pleure un jour blessé.


Toi, jour qui meurs, auras tu au moins du chagrin?
Vois autour de ton lit s'amuser les enfants!
Quitteras tu sans larmes ce peuple libertin,
Qui danse autour des corps encore chauds des mendiants...

Toi, jour qui meurs, regarde moi de ton oeil noir,
Quand s'abattent sur toi de sombres horizons.
Mon ombre s'allongeant, j'entre dans le hasard,
Sous les yeux enragés de mille hommes sans nom.

Toi, jour qui meurs, au matin frais, au matin blanc,
Ton souvenir naîtra des restes de mes songes.
Ainsi tu resteras, dans ma mémoire en sang,
Parmi les statues d'or des amours qui me rongent.