samedi 18 avril 2020

Dans les veines du marbre

Dans les veines du marbre


Il est une beauté que la vie et la mort
Partagent en secret et que peu connaîtront.
Et puis c'est le tonnerre, le serpent qui vous mord,
L'extase, les ténèbres, en vos seins renaîtront.

C'est une perfidie, plutôt un esprit joueur,
Un goût un peu pervers pour les grands carnavals.
Elles font incendie de la moindre lueur,
Vous caressent le cou et d'un coup vous avalent.

Venez apprivoiser la roche qui se cabre,
Dégustez le poison dont la vie se nourrit,
Le secret coule là, dans les veines du marbre,
L'agonie est le temps, et la mort vous sourit.

Voyez la peau blanchie par trop de solitude,
Refroidie par l'absence de lèvres et de mains,
Elle saura tromper de ses vicissitudes,
L'adorateur naïf, victime de demain.

Car sous le marbre froid poli par les années
Coulent discrètement les passions en torrent,
Et ceux que bernera l'illusion cutanée
Perdront en ces flots blancs leurs sanglots implorants.

Venez apprivoiser la roche qui se cabre,
Dégustez le poison dont la vie se nourrit,
Le secret coule là, dans les veines du marbre,
L'agonie est le temps, et la mort vous sourit.

Et le marbre tombé sur le printemps fragile,
Feint à la perfection le sommeil éternel.
De toute sa lourdeur il trompe les vigiles :
Devant l'ange de plomb, ils ignorent son aile.

La pierre traversée de mille vaisseaux blancs,
Palpite et frémit au souffle le plus tendre,
Les printemps se ressemblent, l'au-delà est lent,
Mon amour immortel, j'ai bien fait de t'attendre.

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