Dans les veines du marbre
Il
est une beauté que la vie et la mort
Partagent
en secret et que peu connaîtront.
Et
puis c'est le tonnerre, le serpent qui vous mord,
L'extase,
les ténèbres, en vos seins renaîtront.
C'est
une perfidie, plutôt un esprit joueur,
Un
goût un peu pervers pour les grands carnavals.
Elles
font incendie de la moindre lueur,
Vous
caressent le cou et d'un coup vous avalent.
Venez
apprivoiser la roche qui se cabre,
Dégustez
le poison dont la vie se nourrit,
Le
secret coule là, dans les veines du marbre,
L'agonie
est le temps, et la mort vous sourit.
Voyez
la peau blanchie par trop de solitude,
Refroidie
par l'absence de lèvres et de mains,
Elle
saura tromper de ses vicissitudes,
L'adorateur
naïf, victime de demain.
Car
sous le marbre froid poli par les années
Coulent
discrètement les passions en torrent,
Et
ceux que bernera l'illusion cutanée
Perdront
en ces flots blancs leurs sanglots implorants.
Venez
apprivoiser la roche qui se cabre,
Dégustez
le poison dont la vie se nourrit,
Le
secret coule là, dans les veines du marbre,
L'agonie
est le temps, et la mort vous sourit.
Et
le marbre tombé sur le printemps fragile,
Feint
à la perfection le sommeil éternel.
De
toute sa lourdeur il trompe les vigiles :
Devant
l'ange de plomb, ils ignorent son aile.
La
pierre traversée de mille vaisseaux blancs,
Palpite
et frémit au souffle le plus tendre,
Les
printemps se ressemblent, l'au-delà est lent,
Mon
amour immortel, j'ai bien fait de t'attendre.
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