dimanche 8 mai 2016

Sans passé

Sans passé



Les pages qui se tournent et s'envolent au vent,
Des tempêtes de noms qui peuplent les pensées,
Font pleuvoir en son âme, des visions érodées
Tombées du livre mort qu'il écrit en vivant.

Des écritures étranges noircissent sa mémoire,
Des encres oubliées colorent ses souvenirs.
Combien de mains, de bouches, écrivirent l'histoire,
De cet homme dont le nom s'envole en un soupir.

Un nom trop répété, blessé par trop d'accents
Trop de chapitres clos sans être rédigés,
Livre tentaculaire à cours de papier blanc,
Il aurait tant aimé vivre sans son passé...

La fausse liberté de vivre sans passé,
Oublier d'où l'on vient et pouvoir s'en passer.
Le soleil n'a jamais lavé le sang passé,
Les années étrangères que je sens passer,
Seront les lendemains de l'homme aux cent passés

Il entre à pas lents dans la salle des ventes,
Les bras chargés de noms, de sourires et de larmes,
Qui tomberont à terre comme l'on rend les armes,
Qui armeront bientôt une autre main tremblante.

Les histoires trop lourdes qui plombent le passé,
Sont le prix à payer pour les garçons légers,
La conquête seyait aux courtisans pourtant...
Aux hommes de la rue, les nobles sentiments.

Alors que disparaissent les années d'amour lâche,
Aux mains déjà souillées de quelque vieux rapace,
Qui le voudrait scalpé, qui se prétend apache,
Mais ne peut se payer tout le prix de sa race.


La fausse liberté de vivre sans passé,
Oublier d'où l'on vient et pouvoir s'en passer.
Le soleil n'a jamais lavé le sang passé,
Les années étrangères que je sens passer,
Seront les lendemains de l'homme aux cent passés

Il sort à reculons de la salle des ventes,
Leur aura tout donné, et ils auront tout pris,
Et de tous ses cadavres, naissant de tant de vies,
Ils se font des fantômes, des amours qui les hantent.

Mais on a beau marcher, regarder en arrière,
L'aiguille tourne encore, toujours dans le même sens,
Qu'importent les remords, vers la tombe l'on danse,
La valse des faux-pas nous éloigne d'hier.

Alors sur quelle pierre saurons nous graver,
Sinon sur le granit qui nous recouvrera,
Les mots de notre vie, si mal orthographiés
Amuseront un monde qui nous oubliera.

La fausse liberté de vivre sans passé,
Oublier d'où l'on vient et pouvoir s'en passer.
Le soleil n'a jamais lavé le sang passé,
Les années étrangères que je sens passer,
Seront les lendemains de l'homme aux cent passés

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