Sans
passé
Les
pages qui se tournent et s'envolent au vent,
Des
tempêtes de noms qui peuplent les pensées,
Font
pleuvoir en son âme, des visions érodées
Tombées
du livre mort qu'il écrit en vivant.
Des
écritures étranges noircissent sa mémoire,
Des
encres oubliées colorent ses souvenirs.
Combien
de mains, de bouches, écrivirent l'histoire,
De cet
homme dont le nom s'envole en un soupir.
Un nom
trop répété, blessé par trop d'accents
Trop de
chapitres clos sans être rédigés,
Livre
tentaculaire à cours de papier blanc,
Il
aurait tant aimé vivre sans son passé...
La
fausse liberté de vivre sans passé,
Oublier
d'où l'on vient et pouvoir s'en passer.
Le
soleil n'a jamais lavé le sang passé,
Les
années étrangères que je sens passer,
Seront
les lendemains de l'homme aux cent passés
Il entre
à pas lents dans la salle des ventes,
Les bras
chargés de noms, de sourires et de larmes,
Qui
tomberont à terre comme l'on rend les armes,
Qui
armeront bientôt une autre main tremblante.
Les
histoires trop lourdes qui plombent le passé,
Sont le
prix à payer pour les garçons légers,
La
conquête seyait aux courtisans pourtant...
Aux
hommes de la rue, les nobles sentiments.
Alors
que disparaissent les années d'amour lâche,
Aux
mains déjà souillées de quelque vieux rapace,
Qui le
voudrait scalpé, qui se prétend apache,
Mais ne
peut se payer tout le prix de sa race.
La fausse liberté de vivre sans passé,
Oublier
d'où l'on vient et pouvoir s'en passer.
Le
soleil n'a jamais lavé le sang passé,
Les
années étrangères que je sens passer,
Seront
les lendemains de l'homme aux cent passés
Il sort
à reculons de la salle des ventes,
Leur
aura tout donné, et ils auront tout pris,
Et de
tous ses cadavres, naissant de tant de vies,
Ils se
font des fantômes, des amours qui les hantent.
Mais on
a beau marcher, regarder en arrière,
L'aiguille
tourne encore, toujours dans le même sens,
Qu'importent
les remords, vers la tombe l'on danse,
La valse
des faux-pas nous éloigne d'hier.
Alors
sur quelle pierre saurons nous graver,
Sinon
sur le granit qui nous recouvrera,
Les mots
de notre vie, si mal orthographiés
Amuseront
un monde qui nous oubliera.
La
fausse liberté de vivre sans passé,
Oublier
d'où l'on vient et pouvoir s'en passer.
Le
soleil n'a jamais lavé le sang passé,
Les
années étrangères que je sens passer,
Seront
les lendemains de l'homme aux cent passés
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