dimanche 4 décembre 2016

Chants de lumière

Chants de lumière


Matin
Ces quelques notes rares, perlant sur l'horizon,
Ces quelques mots d'espoir dans un lent oraison,
Écrits en clé de songe sur d'autres partitions,
Chantent après la nuit, une ode à la raison.

Quand l'ombre s'évapore, au matin bouillonnant,
Les draps aussi s'envolent sur les corps des amants,
La main chaude se glisse, main du soleil levant,
Entre les peaux trop lisses et trop froides du temps.

Nous marchons les pieds nus sur ces champs de lumière,
Les yeux fermés encore, explorant la poussière,
Nos doigts fous nous devancent, et courent sur la pierre,
La rosée du matin sur le marbre d'hier.

Midi
Les inhumains ont beau planter les pierres tombales,
La lumière fleurit dans nos plaies abyssales,
Le soleil du midi sans fin emplit nos Graals,
Et ses chants triomphants couvrent les fleurs du mal.

Ces mélodies dorée mêlent à la tempête,
Le jaune le violet, nos deuils et jours de fête,
L'été soudain s'enflamme, et il pleut dans nos têtes,
Mais quand cesse l'orage, la vie même s'arrête.

Sur les champs de blé jaune, les chants de fauves faunes,
Peignent en couleurs chaudes les promesses aphones,
D'un été illettré aux passions homophones,
D'un soleil fatigué à l'aube de l'automne.

Soir
Au blêmes joues du jour, les larmes d'ombre coulent,
Les chants d'adieux s'étirent, les souvenirs s'éboulent,
Les mois d'ambre s'annoncent, et les amants se saoulent,
Au vin chaud des promesses, qui lentement s'écroulent.

Les symphonies s'apaisent au lit d'un feu mourant,
Les histoires se tissent, on les brode d'argent,
Les ritournelles naissent, au son triste du vent,
Les idylles s'endorment sur leurs anciens serments.

Et pourtant au dehors, des violons telluriques,
Jaillissent laves rouges, bruns et ocres épiques,
Les jours froids, les jours morts, ont aussi leur musique,
Leurs mélodies se perdent dans la nuit métallique.

Nuit.
Dans un calme glacial, perçant l'hiver blafard,
Le chant d'une sirène, la lumière d'un phare,
Les peines qu'on oublie, les rêves qu'on répare,
Musique de la nuit, lumière dans le noir.

Les yeux couverts de glace nous traversons l'hiver,
Dehors si le temps passe, nous revivons hier,
Entre nous et le froid, quelques barreaux de fer,
Contre la mort, l'oubli, n'ont jamais rien pu faire.

Les chants désespérés, mélodies en prison,
Où les passions se meurent, où meurent les saisons,
Sont des chants de lumières, attendant la moisson,
Quelques notes trop rares, perlant sur l'horizon.

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