Métro Parfum
Sous la
peau de béton des cités anonymes,
Courent
de chaudes veines baignées d'un sang d'ombre.
Les lumières s'y perdent, et le temps y sombre,
Et des vies s'y écoulent en torrents infimes.
Quelques
pieds sous terre, plus proches de l'enfer,
Y
entrent inconscients des robots inconnus,
Aimantés
par le noir, enivrés par le flux,
Ils
fondent et oublient un autre jour souffert.
Peurs
distillées, jus mélangées,
Regards
perdus des disparus,
Âmes
happées, évaporées,
Sous
l'avenue, des diables nus,
Respirent
l'ombre et se noient,
Ils
disparaissent un à un,
Vers un
ailleurs, vers un chez soi,
Restent
vapeurs, métro parfum.
Les vicieux innocents, crime d'humanité,
Se punissent de tout dans ces longs purgatoires,
Et parmi
d'autres diables, se sentant aimés,
Ils se
cachent de ce qu'ils s'efforcent de croire.
Mais le
sous-sol est froid, et l'enfer est en eux,
Brûlant
l'un contre l'autre, ils réchauffent la ville,
Un sang
commun emplit le vide de leurs yeux,
Il
nourrit malgré lui le monde qui défile.
Corps
contre corps, désincarnés,
Yeux
grands fermés, à cœur perdu,
Croulant
sous le poids des années,
Sueurs
froides pour fièvres tues,
Se
mélangent et se revoient,
Se
reconnaissent un à un,
Dans la
vitre mille autres soi,
Suent de
concert, métro parfum.
Ils
entrent presque morts, ressortent transformés,
Dans un
autre décor, et sans un au revoir,
Pour
hier, pour celui que l'on vient de quitter,
Celui
qu'on a laissé s'oublier dans le noir.
Ils se
voient clairement lorsqu'ils ferment les yeux,
Dante
les attira dans ces antres sublimes,
Le
vacarme des rails étouffent leurs aveux,
Et ils
ne sont chez eux qu'en ces fiévreux abîmes.
Des
corps perdus, désavoués,
Flottent
au gré de cette crue,
Coulant
un peu pour respirer,
Pour se
perdre dessous les rues.
Et les
enfers les renvoient,
Vers la
surface un à un,
Ils y
sont seuls, ils y ont froid,
Mais
transpirent métro parfum.
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