samedi 6 mai 2017

Les Transparents



Les Transparents


Sous les vitres opaques, couvertes de poussière,
Transformées par le temps en vitraux mystérieux,
Une jeune mariée sourit baissant les yeux,
Songeant qu'il est trop tard pour faire marche arrière.

Son mari triomphant piétine la dentelle,
Où se perdent ses larmes et nos regards distraits,
Étourdis par les fards et les nobles apprêts,
Sous la poussière meurt sa voix qui nous appelle.

Une robe de soie, de bure,
Un costume ou une armure,
Visage peint pour le cliché,
Des masques crient la vérité.
Sous la dentelle rien ne dure,
Le temps répète les murmures.
Une heure, une vie, tu attends,
C'est le rêve des transparents.

Drapée de pudeur feinte, vêtue de doux mensonges,
Elle descend l'escalier et entre dans la rue,
Peuplée de travestis et de stars inconnues,
Elle joint ses faux cils, et la honte la ronge.

Elle ne porte pourtant que la vérité nue,
Armée de ses talons parmi les uniformes,
Sans sourciller la cible, désignée par les normes,
Suicide l'homme en elle, le soldat inconnu..

Avoir honte de soi, impure,
Sous la robe du soir, l'armure,
Visage peint, contre cliché,
Démasquer l'homme, en vérité.
Sous la dentelle rien de dur,
Les cris étouffent les murmures.
Une heure, une vie, tu prétends :
Le cauchemar des transparents.

Du haut de l'escalier, il la regarde fuir,
S'évaporer dans l'ombre douce de l'oubli.
Il lui faudra l'aimer ce que son cœur maudit,
Il faudra pour l'aimer, tuer les souvenirs.

Ses lèvres seront rouges, de fard ou bien de sang,
D'amour ou bien de mort, et l'on prétend le choix,
Quand la vie vous promet des larmes ou des croix,
C'est l'arme à la main que l'on conquiert les ans.

Sans profession de foi, censure,
Tu découvres en toi l'armure,
Visage peint loin des clichés,
Ils te ressemblent, vérité !
Eux ou elles, les êtres durent,
Indifférents à nos murmures.
Une heure, une vie, innocents,
C'est la beauté des transparents.

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