Vagues, souvenirs.
Il en va
des images comme des secondes,
Des
sentiments aussi, des personnes souvent,
On les
tient par la main et puis arrive l'onde,
On
détourne les yeux, rien n'est plus comme avant.
Dans
quelle forêt noire, dans quel épais sous-bois,
Quel
sombre labyrinthe, quel étrange ailleurs,
Se terre
ce loup blessé, ce passé qui aboie,
Qui use
ma candeur de ses rires railleurs ?
Étendons
sur le sable, et nos corps et nos vies,
Et ainsi
allongés, contemplons la longueur,
Des
instants alignés, de toutes nos envies,
De la
chair qui survit, consumant sa langueur.
L'écume
l'assaillit, tantôt douce, acide,
Caressante
parfois, ou bien lame aiguë,
Le corps
se fait temple, orgueilleux et placide,
L'esprit
se tourmente dans l'instant contigu.
Le sable
blanc s'écoule, la mémoire s'érode,
Les
roches noires demeurent, les escarpes résistent,
Les
Salomé s'avancent, et nos pauvres Hérode,
Lorsque
les voiles tombent, nous pleurons Jean-Baptiste.
Une vie
sur la plage, le sable de l'arène,
Attends
l'instant prochain, attends le prochain lion,
Ta
mémoire rouillée pour unique carène.
Aime le
gladiateur, il en vient des millions.
Sens-les
derrière toi, pèsent-ils sur ton dos ?
Ils
viennent au combat, émergeant de l'oubli,
Se sont
échoués ici, dans un reflux de l'eau,
La vague
te les rend, sans que tu la supplie.
Dans le
désert du temps, les dimensions perdues,
Jamais
ils ne s'égarent, enchaînés à tes heures.
Le
souvenir revient, sans réclamer son du,
Tant que
la vague vit, l'oubli sera un leurre.
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