D'or et d'ivoire
Loin des
chaînes de fer et des cercles de plomb,
Des
années de poussière et des hivers trop longs,
Fleurit
un été fier, s'allonge l'été blond,
Demain
comme hier coiffé d'un soleil rond.
Il y
avait les soleils noirs,
Il y a
bien les nuits sans soir,
Il y
aura mon désespoir,
Mais tu
es là, d'or et d'ivoire.
Loin des
océans las, que la marée délaisse,
Des
nuages trop bas, que crève la détresse,
Bleuit
un ciel de joie, transparent d'allégresse,
Où
l'innocence boit flots de pure jeunesse.
Il y
avait les étangs noirs,
Il y a
bien les vides soirs,
Il y
aura vies sans te voir,
Mais tu
es là, d'or et d'ivoire.
Loin des
peaux oubliées, ignorées des caresses,
Des
mondes sans baisers où ton prénom me blesse,
Rougit
un embrassé, perdu dedans tes tresses,
Chef
d’œuvre inachevé des amours vengeresses.
Il y
avait l'horizon noir,
Il y a
bien l'ombre, le soir,
Il y
aura des vies sans croire,
Mais tu
es là d'or et d'ivoire.
Loin des
statues rouillées, qui vieillissent dehors,
Des
vierges oubliées enfermées dans leur corps,
Fleurit
l'idolâtrée, fleurissent mes remords,
Ton
mirage sacré, brillant d'ivoire et d'or.
Il y
avait la chambre noire,
Il y a
bien trop de brouillard,
Il y
aura des vies sans gloire,
Mais tu
es là, d'or et d'ivoire.
Loin de
mes bras ouverts, de mes deux pauvres mains,
De mes
lèvres de verre, et si loin de demain,
Pâlit
mon cœur offert, au vent froid du destin,
Glaçant
l'amour souffert dont vous faisiez festin.
Il y
avait l'or et l'ivoire,
Il y a
bien d'autres déboires,
Il y
aura d'autres histoires,
Mais je
m'endors, et sans te voir.
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