Spectre d'encens
Le bruit
des pas faiblit sur les dalles de marbre,
La foule
s'évapore dans des villes pieuses,
Ici
reste le mort, et la tombe qu'on creuse,
Dans la
terre assombrie par l'ombre bleue des arbres.
Le bruit
des pas résonne, frappe le granit,
Les gens
évanouis pleurent aux quatre vents,
Ici
survit le mort, enfermé comme avant,
La terre
affamée cicatrise trop vite.
Jeunes
années, spectres dansants,
Faut-il
toujours qu'on perde en sang,
Mourant
avec, survivant sans
Restes
d'amour, spectres d'encens.
Belle
fumée, spectre d'encens,
Emplis
ces cœurs vides de sang,
Embaume
les amours absents,
Enivre
moi, spectre dansant.
Drames insolubles se nouent infiniment,
En
voilettes de deuil, fine dentelle noire,
Nos
peines brodent flots de tulle sur peaux d'ivoire,
Horizon
doléance, des miles indécents.
Ainsi
cultivons nous ce qu'il faudra faucher,
Engraissant
les amours qu'il faudra égorger,
Entretenant
les roses demain guillotinées,
Pour
farder de pourpre les tombes des fleurs passées.
Jeunes
années, spectres dansants,
Faut-il
toujours qu'on perde en sang,
Mourant
avec, survivant sans
Restes
d'amour, spectres d'encens.
Belle
fumée, spectre d'encens,
Emplis
ces cœurs vides de sang,
Embaume
les amours absents,
Enivre
moi, spectre dansant.
Le long
des arches sourdes de grises cathédrales,
Rampent
en long cortèges nos misères sournoises,
Quelques
pensées sauvages que les saints apprivoisent,
Quelques
rêves vicieux évaporés du Graal.
Le
filtre des vitraux publie sur pentagramme,
Les
clichés saturés d'un triste masochisme.
Nous
dévorons la vie déformée par ce prisme,
Le
granit maquillé sera substitut d'âme.
Jeunes
années, spectres dansants,
Faut-il
toujours qu'on perde en sang,
Mourant
avec, survivant sans
Restes
d'amour, spectres d'encens.
Belle
fumée, spectre d'encens,
Emplis
ces cœurs vides de sang,
Embaume
les amours absents,
Enivre
moi, spectre dansant.
Et puis
un oiseau fou traverse le vitrail,
Le matin
cru s'écoule entre les bris de verre,
L'encens
et la dentelle quittent les murs de pierre,
La
lumière terrestre luit sur le sérail.
L'air,
la pluie, le vent froid, la vie en cavalcade,
Envahissent
la nef, alcôves et chapelles,
Des
anges pétrifiés laissent frémir leurs ailes,
L'homme
tétanisé construit sa barricade.
Mais du
passé enfoui, tout remonte soudain,
De la
terre jaillit, entre le marbre froid,
L'amour
et le frisson, le délice, l'effroi,
Rien ne
meurt aujourd'hui, ma vie est un jardin.
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