Trois moi d'hiver
Le
premier moi sent le roussi, la peau cramoisie par l'été,
Le
premier moi sent le sapin, les cierges d'or, l'encens brûlé.
Sans
ces subtiles sensations, le premier moi s'enterrerait
Et
les monceaux de feuilles d'or, son beau cercueil décoreraient.
Le
premier moi passe sa vie à recoudre les mois passés,
Le
premier moi s' évanouit dès que le fil est arraché,
Au
coin d'un an égratigné, quand le présent se fait archive,
Fumant
près d'une cheminée, c'est l'au delà sur l'autre rive.
Je
lutte ces longs mois d'hiver,
Contre
l'armée des moi divers,
Mois
après mois je cherche un toit,
Mais
tu attends un autre moi,
Le
froid détruit les moi sans toi,
Mais
je survis un autre mois.
Lui,
l'autre moi qui luit en toi,
Fuit
la folie de mes émois .
Le
second moi est en abysses, et profondeurs inconnues,
Le
second moi sans cesse sonde les enfers et les nues,
Un
tronc assoiffé de lumière péniblement distille sève,
Et
d'autres fluides toxiques, d'autres boissons qui achèvent.
Le
second moi passe sa mort dans un délire de nature,
Le
second moi vit enfermé dans un ciel taché de ratures,
Ciel
et charbon mêlés toujours, l'un coulant sur l'autre qui fume,
Je
savoure la mort à l’œuvre, attendant l'aube posthume.
Je
lutte ces longs mois d'hiver,
Contre
l'armée des moi divers,
Mois
après mois je cherche un toit,
Mais
tu attends un autre moi,
Le
froid détruit les moi sans toi,
Mais
je survis un autre mois.
Lui,
l'autre moi qui luit en toi,
Fuit
la folie de mes émois .
Troisième
moi, un inconnu, un perpétuel étranger,
Troisième
moi, hypothétique, un universel réfugié,
Une
rafale incertaine dérègle les cadrans solaires,
Me
déracine, me propulse pour un autre tour de terre.
Troisième
moi s'échappera vers son inévitable destin,
Troisième
moi vivra, verra, croira faire choix et festins,
Buvant
à la source le sang coulant de ses propres blessures,
Il
ne fera que son portrait, car l'autre moi n'est jamais sûr.
Je
lutte ces longs mois d'hiver,
Contre
l'armée des moi divers,
Mois
après mois je cherche un toit,
Mais
tu attends un autre moi,
Le
froid détruit les moi sans toi,
Mais
je survis un autre mois.
Lui,
l'autre moi qui luit en toi,
Fuit
la folie de mes émois .
1 commentaire:
Ces vers m'ont tout simplement ému. Au delà du jeux des mots, il y a à la fois une violence dans les sentiments et une véritable passion. Très heureux de découvrir ton talent.
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