lundi 28 octobre 2019

L'omni-absent

L'omni-absent


La beauté des saisons, quelques cris enfantins,
Nature frénétique supposée contagieuse,
S'écrasent sur un masque, ma peau de pantin,
Rêvant troubler en vain ma torpeur religieuse.

Rayons de soleil froid entre branches mourantes,
Percent la nuit de fer des amants esseulés,
Quelque fleur d'automne, des splendeurs courantes,
Agressent l’œil opaque de leurs couleurs feulées.

J'avais pourtant fermé la porte,
J'avais dit vouloir être seul,
Demandé que la nuit m'emporte,
Que ton absence soit linceul.
J'avais pourtant construit des murs,
Pour ne plus voir toutes les joies,
Qui crient que tu ne me murmures,
Et étouffer ce feu grégeois.

Les sourires d'amis, et toutes ces grimaces,
Les dîners maquillés, les foules où tu n'es pas,
Lieux communs pullulant, les inepties s'amassent,
Une veine s'arrache à chacun de tes pas.

Les discours qu'on me tient ne scandent que ton nom,
Je haïs ces échos qui bourdonnent en moi,
Psalmodient ces amours, mais le destin dit « non »...
Survivre une seconde encore à mes émois.

J'avais bien éteint la lumière,
J'avais dit vouloir le silence,
Prié que ce soit la dernière,
Cette nuit contre ton absence.
J'avais pourtant construit des tombes,
Pour faire le deuil de ces lits vides,
Où je chute, où j'hécatombe,
Lorsque renaît le jour livide.

Vous connaissez ce garçon, cette fille aux yeux blancs,
Ils traversent le long désert de leurs absences,
C'est leur adresse, leur profession, ce poison lent,
L'amour  omni-absent qui hante tous leurs sens.

Des sourires rupestres ornent la grotte sombre,
Les vestiges figés d'un bonheur bien appris,
Comme le cœur blessé on fait danser une ombre,
Sans l'âme dénudée que l'absent nous a pris.

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