lundi 1 août 2016

Saigneur d'yeux

Saigneur d'yeux

Un autre jour se meurt en noyant son soleil,
Dans l'horizon tremblant d'océans rougissants.
La nuit éclaire le monde, et le noir nous éveille,
Des créatures étranges nous aiment aveuglément.

Voyagez prudemment dans ce royaume sombre,
Car ses rues sont pavées d'êtres agonisants,
Et des mains de voleurs sortent de ses murs d'ombre,
Puisant entre vos côtes la chaleur des vivants.

Sentez leur accolade, l'amour vertigineux,
Vous vous saviez perdu, et ils vous ont trouvés.
Vous tombez avec eux, ouvrez enfin les yeux,
Ils sont vos saigneurs d'yeux, et déjà vous saignez.

Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces soldats bleus se meurent pour toi.
Des dieux envieux guident leurs pas,
Leurs prophètes odieux, ne me trompent pas.
Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces hommes creux, ton armée sans foi.

Sur votre dos nus glisse le doux velours du soir,
D'une nuit exaltée où enfin vous naissez.
Vous ne voyez que lui, il n'y que lui à voir,
Vous appelez "amour" ces nuits emprisonnées.

Vos vertèbres rougissent, sous le jus exutoire,
Parfum crépusculaire qu'il vous fait transpirer.
Vous mourrez déjà, ivre, et il vous donne à boire,
La liqueur absolue de l'éden distillé.

Que les nuits étaient douces, il suffisait de croire,
Un contrat à signer, et pour l'éternité ...
Mais cet amour aveugle meurt avec votre espoir,
Et votre saigneur d'yeux déjà vous a trompé.


Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces soldats bleus se meurent pour toi.
Des dieux envieux guident leurs pas,
Leurs prophètes odieux, ne me trompent pas.
Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces hommes creux, ton armée sans foi.

Vous étiez à genoux mais déjà vous marchez,
Les odes amoureuses rampent sous les tambour,
Et marchent prés de vous tant d'autres yeux crevés,
La légion d'étrangers qui s'enfuit loin du jour.

A pas lourds, à pas lents, ou à pas de géants,
L'armée à reculons marche vers l'horizon.
Vers une ligne noire, vers un point rouge sang,
Une balle tirée sur la vie sans raison.

Pourtant nous courons tous vers une même nuit,
Ses rêves, ses cauchemars nous attendent déjà.
Mais la vie en plein jour sous le temps fou s'enfuit,
La lumière s'éteint, les saigneurs d'yeux sont là.


Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces soldats bleus se meurent pour toi.
Des dieux envieux guident leurs pas,
Leurs prophètes odieux, ne me trompent pas.
Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces hommes creux, ton armée sans foi.

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