Le sang somnambule
A genoux
sur la plage, lourdes pierres au cou,
Tu veux
noyer ton âge, dans le sol écumant,
Tu
graves des prières sur le sable blanc,
En
suppliant hier, enterrant l'amour fou.
Tu
pénètres dans l'eau, alourdi de bijoux,
Te rêves
naufragé, amant des océans,
Mais la
mer avorte, la mort toujours t'attend,
Quand la
vague t'oublie ton sang redevient fou.
Nous
sommes repartis au son triste du pouls,
Tes
doigts froids dans ma main, ton être transcendant,
Rescapés
d'un matin, ton corps convalescent,
Inondé
d'un sang bleu, qui étranglait ton cou.
Immortel
jusqu'à aujourd'hui, le temps recule,
Un
mouvement perpétuel, la mort t'adule,
Tu
flottes nu sur l'océan, voilé de tulle.
Flots
de sang bleu autour de toi, tu déambules.
A
genoux dans ton lit, tu plantes d'autres pieux,
D'autres
cœurs endormis, mais le tien ressuscite,
Et
comme jour et nuit, toujours jouer au jeu,
Mais
la nuit tu attends, et tout ton corps palpite.
Des
masques de vampire hantent tes rêves pieux,
Mais
sur ces lèvres rouges aucun sang ne s'invite,
Maquillage
d'acteur, mais tu rêvais de mieux,
Sous
tes amants en boucle, pour ton sang pas d'exit.
Pupilles
dilatées, paupières cendrées hésitent.
Épuiser
le vivant pour rejoindre les cieux,
Ou
noyer dans le soir une vie anthracite.
Quelqu'un
a décidé que tu deviendrais vieux.
Tu
désertes tes vêtements, vis dans ta bulle,
Le
jour se lève sous ta peau, la nuit s'annule,
Sur
toi marche l'armée de plomb des noctambules,
En
toi monte la rouge mer, sang somnambule.
La
vie d'un funambule ne tient qu'à un fil,
Et
ciseaux à la main, tu marches les yeux clos,
Les
lames argentées te découpent une île,
Mais
dès que tu te blesses, l'eau rentre sous ta peau.
Les
prophètes nous jurent que tout est fragile,
Le
temps, les gens, pourtant, ne courbent pas ton dos,
Prisonnier
de l'envie, privé de tout exil,
Viens
enlever ce soir ton habit de héros.
Sens-tu
contre ton corps la chaleur de la ville ?
Sa
marée te marie, animal au sang chaud,
A
l'épopée sans fin des hommes indélébiles,
Comme
l'on marierait la victime au bourreau.
Tu
revis sans trêve ce soir, sans crépuscule,
Les
promesses d'un noir trompeur, rêve en gélules,
Le
lamento inconsistant de la pendue,
Te
noient dans cent soleils couchants, sang somnambule.
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