samedi 21 janvier 2017

Le sang somnambule

Le sang somnambule


A genoux sur la plage, lourdes pierres au cou,
Tu veux noyer ton âge, dans le sol écumant,
Tu graves des prières sur le sable blanc,
En suppliant hier, enterrant l'amour fou.

Tu pénètres dans l'eau, alourdi de bijoux,
Te rêves naufragé, amant des océans,
Mais la mer avorte, la mort toujours t'attend,
Quand la vague t'oublie ton sang redevient fou.

Nous sommes repartis au son triste du pouls,
Tes doigts froids dans ma main, ton être transcendant,
Rescapés d'un matin, ton corps convalescent,
Inondé d'un sang bleu, qui étranglait ton cou.


Immortel jusqu'à aujourd'hui, le temps recule,
Un mouvement perpétuel, la mort t'adule,
Tu flottes nu sur l'océan, voilé de tulle.
Flots de sang bleu autour de toi, tu déambules.

A genoux dans ton lit, tu plantes d'autres pieux,
D'autres cœurs endormis, mais le tien ressuscite,
Et comme jour et nuit, toujours jouer au jeu,
Mais la nuit tu attends, et tout ton corps palpite.

Des masques de vampire hantent tes rêves pieux,
Mais sur ces lèvres rouges aucun sang ne s'invite,
Maquillage d'acteur, mais tu rêvais de mieux,
Sous tes amants en boucle, pour ton sang pas d'exit.

Pupilles dilatées, paupières cendrées hésitent.
Épuiser le vivant pour rejoindre les cieux,
Ou noyer dans le soir une vie anthracite.
Quelqu'un a décidé que tu deviendrais vieux.

Tu désertes tes vêtements, vis dans ta bulle,
Le jour se lève sous ta peau, la nuit s'annule,
Sur toi marche l'armée de plomb des noctambules,
En toi monte la rouge mer, sang somnambule.

La vie d'un funambule ne tient qu'à un fil,
Et ciseaux à la main, tu marches les yeux clos,
Les lames argentées te découpent une île,
Mais dès que tu te blesses, l'eau rentre sous ta peau.

Les prophètes nous jurent que tout est fragile,
Le temps, les gens, pourtant, ne courbent pas ton dos,
Prisonnier de l'envie, privé de tout exil,
Viens enlever ce soir ton habit de héros.

Sens-tu contre ton corps la chaleur de la ville ?
Sa marée te marie, animal au sang chaud,
A l'épopée sans fin des hommes indélébiles,
Comme l'on marierait la victime au bourreau.

Tu revis sans trêve ce soir, sans crépuscule,
Les promesses d'un noir trompeur, rêve en gélules,
Le lamento inconsistant de la pendue,
Te noient dans cent soleils couchants, sang somnambule.

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