samedi 20 février 2016

Atelier d'artistes


L’œil ne quitte pas l’œil, horizons l'un pour l'autre,
Éternellement vierges, infiniment sages,
Adam et Eve veillent, ils sont tous les apôtres,
Et sous la peau d'argile, le cœur ne prend pas d'âge.

Sur leurs corps pétrifiés courent des doigts sensuels
Les cheveux décoiffés flottent encore au vent,
Leur courbes se marient en noces éternelles,
Quand les artistes s'aiment, le paradis attend. 


Au cœur des villes grises, où l'homme ne voit pas,
Les couleurs se reposent dans l'atelier d'artiste,
Pour donner aux aveugles quelques tubes de joie,
Ici un Dieu d'amour repeint l'horizon triste.

Armé de ses pinceaux, il combat l'invisible,
Démasque la beauté cachée dans la grisaille,
Et lorsque les couleurs recouvrent l'impossible,
Ses rêves ses visions s'écoulent sur la toile.

 

Tout le long des années, des enfants dessinés,
Se nourrissent des regards que l'on offre au passé.
Les yeux figés observent, puis toujours redonnent,
Cet amour infini reçu de la Madone.

L'image dans mes yeux, et qui nous survivra,
Moi seul dans l'atelier et toi étendue là...
Quand le présent s'endort, le peintre vit de songes,
Tu dors les yeux ouverts, et les instants s'allongent.




Te souviens-tu encore, depuis ton autre monde,
Des mondes fantastiques que nous rêvions ensemble ?
L'amour en noir et blanc, où les amants se fondent,
Et les yeux colorés d'enfants qui nous ressemblent ?

Tous les mots oubliés, le temps me les rapporte,
Et les amours passées aujourd'hui se regardent,
Qui dit amours passées ne dit pas amours mortes,
Dormant dans nos tableaux, la romance s'attarde.




 
Grandi par la fierté des animaux sauvages,
Le sphinx d'ocre roux règne sur les images,
Les visions volatiles sont gravées dans la pierre,
Et la trivialité déjà quitte la Terre.

Des formes fantasmées s'écoulent des légendes,
Les mythes fondateurs apportent leurs offrandes.
La roche se nourrit de la mythologie,
Et le sphinx de pierre s'envole dans la nuit.



Et quand un jour nouveau pénètre l'atelier,
Quand la lumière pâle caresse le papier,
Le futur endormi s’éveille lentement,
Sous le regard aimant d'une vierge à l'enfant.

De ses yeux noirs et blancs s'envolent des oiseaux,
Qui traversent le temps et survolent le port,
Une Bretagne nue naissant sous le pinceau,
Où lignes et couleurs s'aiment après la mort.

Aucun commentaire: