L'homme
lit
Du corps
décomplexé, de la force de l'âge,
La
maladie se moque, et son libertinage,
Ne
connaît de frontière que le trépas final,
Répand
de lit en lit, ses passions viscérales.
Murmurant
sur son lit, étendu gravement,
Esclave
d'une fièvre, l'homme prête serment.
Sur son
corps se déversent des flots de gravité,
L'esprit
est prisonnier d'un corps abandonné.
L'homme-lit s’alanguit, baignant dans sa sueur,
Et l'âme
se délie quand le corps s'évapore.
Dans le
lit absorbant où l'homme nu se meurt,
Des
mondes inconnus naissent dans la torpeur.
Pour
un temps, une maladie,
Amant
d'un livre, amant d'un lit,
Tomber
du monde lentement,
Lire
le monde en attendant.
Apprivoiser la vie sauvage,
Et la laisser au gré des pages,
Guérir
nos yeux, guérir nos maux,
Et
montrer du doigt chaque mot.
Les autres partent en voyage,
Vers
la fortune, vers le naufrage,
L'homme-lit
flotte sur les heures,
Les
jours fiévreux sont ses auteurs.
L'homme
lit librement, alité littéraire,
Des
romans idéaux décorent ses paupières.
Les yeux
fermés il lit, et son esprit romance,
Les
histoires insensées que dicte la démence.
La
fièvre poétique, du matin au soir,
Ecrit
sur l'écran noir où le réel trépasse.
Et sur
les pages blanches de sa faible mémoire,
Le génie
apparaît, et dans l'instant s'efface.
La
maîtresse torride l'enlace et le quitte,
A chaque
instant le trompe, le condamne et l'acquitte.
Les
paupières épuisées par les fiévreux délires,
Sur une
vie trop sage finissent par s'ouvrir.
Pour
un temps, une maladie,
Amant
d'un livre, amant d'un lit,
Tomber
du monde lentement,
Lire
le monde en attendant.
Apprivoiser la vie sauvage,
Et la laisser au gré des pages,
Guérir
nos yeux, guérir nos maux,
Et
montrer du doigt chaque mot.
Les autres partent en voyage,
Vers
la fortune, vers le naufrage,
L'homme-lit
flotte sur les heures,
Les
jours fiévreux sont ses auteurs.
L'homme
lit lentement, il dort les yeux ouverts.
Il
flotte sur le jour, inondé de lumière,
Les
livres par milliers entrent par la fenêtre,
Se
posent sur le lit et lui racontent l'être.
Page à
page dans le défilé des nuages,
L'homme-lit
s'extasie et voit grandir son âge.
Enchaîné
à la vie par une santé fière,
Forcé
de voir le monde, et d'observer la guerre.
Le temps
son ennemi, cet assassin fidèle,
Posé au
coin du lit, le fixe un instant,
Lui
parle calmement : «Pour les hommes mortels,
Rien
n'est jamais trop long, rien n'est jamais trop lent. »
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