Le prisme du corps
Parlons
de l'oublié de la philosophie,
Du
tabou des apôtres et des moralistes :
La
chaire que l'esprit condamne à l'atrophie,
Et
la mort annoncée des transcendantalistes.
Restreignons
l'analyse à nous autres vivants,
Et
définissons nous comme humbles autocrates,
D'un
empire de peau, de fluides clivants :
Sans
organe, sans os, il n'est plus de Socrate.
Nous
voici citoyens de mille carapaces,
Qui,
Dieu nous en fit grâce, sont murs translucides.
Ainsi
nous observons de nos yeux de rapaces,
Mais
le corps entier voit pour nous rendre lucides !
Et
ces masses de chaires, splendides poétesses,
Savent
en une fièvre repeindre le monde,
Nous
convaincre du pire avec délicatesse,
Ou
changer les aimés en chimères immondes.
Quand
nous nous évadons et croyons réfléchir,
Les
fantômes toujours de sensations passées,
Caressent
nos esprits et viennent infléchir
Nos
idées, nos songes : tout est cadenassé.
Dans
nos prisons de peau, attendons nous la mort ?
Que
dit la maladie couchée nue sur nos lits ?
Pourrons
nous dans la tombe dire tous nos remords ?
Le
temps du corps est là, qui nous réconcilie.
Voyons
changer la rue au gré de nos symptômes,
Les
nuages soudain se figent, accélèrent,
Sous
les combinaisons de nos propres atomes,
Naissent
au même instant orgasmes ou colères.
Sous
le prisme du corps, notre monde fleurit,
Nuances
infinies des faiblesses humaines,
Sous
le prisme du corps, aucun rêve proscrit,
Ouvre
les yeux, explore ton immense domaine.
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