dimanche 15 mars 2020

Mécanismes de séductions : le crépuscule des machines.

Mécanismes de séductions : le crépuscule des machines.


Une main sur la manivelle,
Un doigt pressé sur les boutons,
On détruit, on renouvelle,
Et rejoue un autre jeton.

Les pistons régissent le jeu,
Pompent et crachent en silence,
Pour la machine pas d'enjeu,
Je prends un homme, je balance.

La chaleur des talons
Fait fondre le bitume,
Mangeuse d'étalons
Dont j'oublie l'amertume.

La sueur de la nuit s'échappe des égouts,
Maculant de soupirs la décence nocturne.
Machine d'agonie nourrie des bouches, des goûts,
Après les fumées noires : le froid, la cendre, l'urne.

Les dents parcourent, affûtées,
Des orbites bien dessinés,
Avalent les maux réfutés
D'une main d’œuvre calcinée.

Les engrenages dentelés,
Dentelles dont elle est parée,
A la machine attelée,
Fulminent sourds, désemparés.

C'est un vieux cheval épuisé,
Tirant des tonnes d'inepties,
Il suffoque, vous conduisez,
En attendant son autopsie.

La sueur de la nuit s'échappe des égouts,
Maculant de soupirs la décence nocturne.
Machine d'agonie nourrie des bouches, des goûts,
Après les fumées noires : le froid, la cendre, l'urne.

Mais les liens de cuir sont usés,
Et la bête devient fiévreuse.
Les courroies dont vous abusez
Sautent dans la machine creuse.

Et le charbon vient à manquer,
L'ogre de rouille affamé
Détruit l'enfer alambiqué
D'un au delà trop mal famé.

Et peu à peu l'humain s'extirpe
D'entrailles dont il se croit né,
Irrigue peu à peu ses tripes,
Du sang chaud de sa destinée.

La sueur de la nuit s'échappe des égouts,
Maculant de soupirs la décence nocturne.
Machine d'agonie nourrie des bouches, des goûts,
Après les fumées noires : le froid, la cendre, l'urne.

Un givre fin qui s'épaissit,
Recouvre l'usine de glace,
Alors que marchent des messies,
Nus dans la nuit qui les enlace.

La chaleur a changé de camp,
Le fer lassé d'être battu,
Ne rougit plus de ses volcans,
Ne se dresse plus en statues.

Mille machines implacables
S'emballent, fument et fracassent,
De sang, de muscles, indomptable,
La femme vit, sans carapace.

Aucun commentaire: