dimanche 22 mars 2020

Lie nos sens

Lie nos sens...


Il fallut traverser des années de conscience,
S'abstenir de signer tous ces autoportraits,
Il fallut effacer les versets par la science,
Pour que la diable enfin relâche cet attrait.

Il est des mots trop crus érigés en barreaux,
Qui résistent au temps mieux que les souvenirs.
Nos mots ou ceux des autres, qu'importe le bourreau,
Qui font un sacerdoce de nos devenirs.

Les regards pollués lient nos poings, lient nos sens,
Flétrissent nous sourires, font taire l'innocence,
La main enfin tendue lit nos vies, lit nos sens,
Souffle sur la poussière tombée sur l'innocence.

Et nos âmes proches qui prétendent aimer,
Qui s'appellent famille au nom de liens du sang,
Torturent, légitimes, les enfants enfermés,
De leur semblant d'amour : ils grandiraient mieux sans.

Au nom de mille dieux nous faisons pénitence.
Notre terre promise, notre peau de chagrin,
Où pousse les bons jours notre maigre pitance,
Nous nous y cultivons, nous autres mauvais grains.

Il nous faut résister au bord d'une falaise,
Au grand vent, au vertige d'un passé volé,
Vos tendres souvenirs sont nos profonds malaises,
Et nombre d'entre nous préfèrent s'envoler.

Les regards pollués lient nos poings, lient nos sens,
Flétrissent nous sourires, font taire l'innocence,
La main enfin tendue lit nos vies, lit nos sens,
Souffle sur la poussière tombée sur l'innocence.

Pourtant les jours de pluie, nous nous tenons la main,
Et quand le ciel dilue notre perpétuité,
Nos sourires fleurissent et les futurs sont maints,
Nous flottons au dessus de votre vacuité.

Peut être un jour prochain si nous sommes indulgents,
Et si nous pardonnons mieux que vous l'avez fait,
Nous vous enseignerons à aimer l'indigent,
A vous échapper de votre monde surfait.

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