II. Les cendres du futur
La gitane enflammée disparait dans
la nuit,
Emportant avec elle l’espoir
esquissé,
Détricotant mes lignes la liseuse
s’enfuit,
Laissant mes mains vierges, mon
futur effacé.
Dans un rire fumeux disparait ton
visage
Et tous tes traits charmants
s’enroulent au rouet,
Où les songes se pendent sans avoir
pris de l’âge,
Et tu as dans ma main dessiné leur
gibet.
Prophète des trottoirs, voleuse de
visage,
Toi qui as vu si clair dans ce
dédale d’heures,
Pourquoi es tu aveugle à cette
noirceur,
A la ligne d’ébène qui toujours nous
partage ?
Tu pris la pièce d’or, ta vue
prostituée,
Regarde le serpent qui crache dans
ma main,
Cette ligne de vie où coule ton
venin,
C’est le monde sans lui que tu as
avorté.
Je ne sais qu’un vertige, celui de
son silence,
Qu’importent les fossés par ta
langue creusés
Sur la corde tendue je les
traverserai,
Je serai funambule jusque sur ma
potence.
Que m’importent les Styx, les
supplices d’Orphée,
Le labyrinthe froid où tu l’as
enfermé,
Vois-tu la cible rouge, mes yeux
incandescents,
Ensanglanter les murs de ta prison
de temps ?
Car les opacités que tu dresses
entre nous,
Jalouse Cassandre servant la
solitude,
Seront autant de toiles assombries
par ton pouls
Où j’écrirai son nom, orné de
certitudes.
J’avais mis dans ma main la fortune
promise.
Si pour les amoureux l’alchimie est
de mise,
L’or perdu, l’or fondu, voué à sa
couronne,
Me brûle jusqu’à l’os, et pout toi le glas sonne.
La lune incriminée, et tu feins
l’esclavage,
Il te faudra trouver un autre
Minotaure,
Pour garder tes secrets, pour sauver
tes mirages,
Ton maître le destin dans son
sommeil est mort.
Car au tréfonds de moi, dans l’autre
Panthéon,
Une mythologie, un culte florissant,
Condamne ton blasphème, toi qui
salis son nom,
Et je t’expierai en t’y sacrifiant.
Allongée sur l’autel, regarde au
dessus,
Sur les frises du temple, à l’Amour
érigé
Par la chiromancie, à l’amant
inconnu,
Un poème promis dans le marbre
gravé.
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