mardi 29 septembre 2015

Et sans ciel...

Et sans ciel...

Sur ses pas machinaux, la ville se referme,
Les immeubles avides s'abattent sur son corps,
Il court pour que sa vie arrive à son terme,
Mais le monde infini s'acharne sur son sort.

L'horizon fugitif court plus vite que lui,
Et dans ses yeux muet, déjà plus rien ne luit.
Il envoie au soleil des prières trop lourdes,
Tonnes de désespoir pour une sainte sourde.

Les lettres qui s'envolent sont vite transpercées,
Par tous les corbeaux blancs repus de nos pensées,
Leurs plumes maquillées nous font croire aux anges,
Dans ces pluies d'illusion, nous noyons nos louanges.

Sur la route trop longue, qui va de rien à rien,
Il se crève les yeux pour trouver l'essentiel,
Pour mieux pouvoir rêver, pour se perdre enfin,
Dans un monde oublié, sans corbeaux et sans ciel.
Sur le trop long chemin, du néant au néant,
Il s'enterre vivant pour trouver l'essentiel,
Pour pouvoir oublier, pour savourer la fin,
D'une vie avortée, sans corbeaux et sans ciel.

Heurtant le ciel trop bas, les prières retombent,
Et viennent décorer les pierres de nos tombes.
Et pour se protéger de cette neige grise,
Les âmes sans défense, construisent des églises.

Leurs genoux s'y abiment, quand les mots illicites,
Se cognent au plafond de ce ciel de granite,
Où sont peints les étoiles, et les anges et l'espoir,
Pour tromper l'innocent, pour maquiller le noir.

Il pénètre le temple, masqué de douleur,
Et hurle au plafond tout les mots de sa peine,
Mais le granite est sourd et n'entend pas ses pleurs,
Et la peinture s'effrite sur un ciel d'ébène

Sur la route trop longue, qui va de rien à rien,
Il se crève les yeux pour trouver l'essentiel,
Pour mieux pouvoir rêver, pour se perdre enfin,
Dans un monde oublié, sans église et sans ciel.
Sur le trop long chemin, du néant au néant,
Il s'enterre vivant pour trouver l'essentiel,
Pour pouvoir oublier, pour savourer la fin,
D'une vie avortée, sans église et sans ciel.

La peinture effacée, le granite se fend,
Et sous le ciel en ruine un noir nouveau s'étend.
Voyant aux yeux fermés ne vit que dans son crâne,
Dans l'esprit désertique les souvenirs se fanent.

Canopée de synapses, de sentiments inertes,
La dépression ferme les prières ouvertes.
Son araignée tisse des réseaux associaux,
Ecrit de nouveaux psaumes à grands coups de ciseaux.

Bible à l'encre rouge tatouée sur ses paupières,
Mais de ce ciel osseux il ne pleut que du sang,
Un sang trop froid déjà et moins fluide qu'hier,
Le sang des condamnés, un sang sans sentiment.

Sur la route trop longue, qui va de rien à rien,
Il se crève les yeux pour trouver l'essentiel,
Pour mieux pouvoir rêver, pour se perdre enfin,
Dans un monde oublié, sans bible et sans ciel.
Sur le trop long chemin, du néant au néant,
Il s'enterre vivant pour trouver l'essentiel,
Pour pouvoir oublier, pour savourer la fin,
D'une vie avortée, sans bible et sans ciel.

Déjà au creux de lui, le Styx prend sa source,
Et dans le bruit du temps, le chant de Perséphone
Murmure des promesses, le dévie de sa course,
Au diable tous les ciels et leurs prières aphones.

Le fleuve d'amertume creuse dans ses entrailles,
Le sombre labyrinthe où tous les mots défaillent,
Visages décomposés des souvenirs reniés,
Nourrissant la rivière de leurs chants étouffés.

Le corps se plonge dans la démission des cieux,
Le bateau qui avance dans l'enfer silencieux,
Le porte vers la mort, loin de la vie cruelle,
Dans un monde nouveau, essentiel et sans ciel.

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