dimanche 13 septembre 2015

J'ai couché avec ton absence



J'ai couché avec ton absence

1.
Moi qui me croyais seul dans cette pièce nue,
Ne sentant que les murs sur mon corps dévêtu,
Noyé dans l'air trop froid qui noircissait la nuit,
Abusant mon sommeil, elle entra sans un bruit.

De son pas de velours
Toute voilée d'amour,
Hautaine et sans détour,

Elle fondit sur moi et prit mon souffle court.

2.
Moi qui ne suis qu'un homme plein de mauvais fluides,
Le diable dans ce corps est mon unique guide,
Et dans ce lit immense, ivre de solitude,
J'ai trop vite perdu mes vieux réflexes prudes.

Hauts et bas de soie,
Flottant d'elle à moi,
Endormant les "pourquoi",

Dentelles de mémoire tombèrent à mes pieds.

3.
Menteuse sans visage, qu'elle te ressemble!
Elle nous épiait quand nous étions ensemble.
L'incarnation du manque viola ma raison,
Mes yeux te dessinaient sur son masque de plomb.

Voilée de souvenirs,
Mon cœur froid de saphir,
Oublie comment frémir.

Sa main ouvrit mes bras, singeant ta voix, ton rire.

4.
La nuit bleue des amants prend un deuil violet,
Quand au bout de son doigt un rubis affûté
Tranche sur le cœur nu la serrure sans clé,
De la chambre rayée où nos corps s'attiraient.

Ma main en ascension,
Sur son sein sensation,
De tes palpitations,

Par l'absence perfide feintes à perfection.

5.
L'ennemie me chevauche et mes yeux éblouis
Par ton corps disparu s'aveuglent à présent.
Elle s'engouffre en moi profitant de mon cri,
Arrache de ma gorge ton nom omniprésent.

Négligé étouffant,
Sur mon torse tremblant,
T'écorche en dansant,

Sur le cadavre chaud de notre livre blanc.

J'ai couché avec ton absence,
Et je lui suis fidèle.
Car dans cette démence,
Mes yeux ne voient plus qu'elle.
Sur la Terre désertée,
Et d'ombres surpeuplée,
Moi l'humain pénitent,
Mendie un faux semblant.

J'ai couché avec ton absence,
Tout en la maudissant,
Et mes mains l'étranglant
Transpiraient ton essence.
A genoux dans le lit,
J'implore ta vengeance,
Je prie ta jalousie,
Honnis ton indulgence.

Viens punir ta rivale,
Interromps cette transe,
Viens abréger mon mal,
Viens tuer ton absence!

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