samedi 19 septembre 2015

Dans tout cet air



Dans tout cet air…


Dans tout cet air autour de moi,
Flotte la vie, flottent les voix,
Dans tout cet air qui me noie,
Respire un monde où tu n’es pas.

Devant mes yeux s’écoulent des peintures,
Maquillant de visages les tristes murs.
Clown menteur qui jette les couleurs,
Pour tromper le vide, il fait peur.
Des kilomètres d’art plombent le ciel,
Le rêveur est privé de son sommeil.
Respirer tout cet air plein d’acrylique,
Dangereux pour les yeux, tableaux toxiques.

Dans tout cet air autour de moi,
Coule la vie, coulent les voix,
Dans tout cet air qui me noie,
Suffoque un monde loin de toi.

Pour tuer les silences un musicien,
Lâche dans l’atmosphère un clavecin,
Les églises se jettent dans le vide,
Egorgent de leurs flèches patricides,
Le créateur des ciels démesurés
Qui séparent nos peaux abandonnées.
Respirer tout cet air plein de tambours,
Dangereux pour les voix, heureux les sourds.

Dans tout cet air autour de moi,
Se meurt la vie, meurent les voix,
Dans tout cet air qui me noie,
Restera-t-il un peu de toi ?

Diluer le parfum, de ton être,
En ouvrant les portes, les fenêtres,
De cette prison d’air, où j’habite,
Ces fausses libertés qui irritent.
Odeurs de sainteté, vous blasphémez,
Les essences précieuses, périmées.
Un peu de pureté, nécessaire,
Dans ton corps fantasmé, je m’enterre.


Et tout cet air autour de moi,
Dissout la vie, dissout ta voix,
Dans tout cet air où je me noie,
Mon âme cherche tes bras.

Des atmosphères d’illusion, au fond,
Imitateurs, usurpateurs absconds,
Le grand spectacle sans relâche,
Jouent la comédie des absents, des lâches,
Peintres et musiciens, tous parfumeurs,
Camouflent des instants du temps trompeur.
Dans les respirateurs artificiels,
Je ne sens que le vide de mon ciel.

Dans tout cet air autour de moi,
Vagues de vie, vagues de voix,
Dans tout cet air où je me noie,
Veux-tu te noyer avec moi ?

J’ai choisi d’habiter une falaise,
Sur le bord d’un rocher, où rien ne pèse,
J’y respire l’horizon, les frontières,
Le vent chasse pour moi ce trop plein d’air.
Chaque inspiration porte vers moi,
Les pays inutiles où tu n’es pas,
Massacrant ces kilomètres barbares,
Nous respirons tout l’air qui nous sépare.

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