samedi 12 septembre 2015

Chiromancie - troisième partie: Chiroscriptie



III. Chiroscriptie


Allongée sur l’autel, un pardon suppliant,
Entends-tu les astres se taire infiniment ?
Sont-ils sourds ou muets, ou bien indifférents,
Creusent-ils la tombe où disparait ton sang ?

Lis le ciel illisible et entends son silence,
Tu bâillonnas l’oracle dans ta myope transe,
Je meurs de l’absence et vis de ta souffrance,
Mon futur est Phoenix et sur ta mort je danse.

La gitane se targue de lucidité,
Mais ne lut dans ma main que ma naïveté,
Ton visage tracé sur la nuit de papier,
Montra la trahison à mes yeux enfumés.

Laisse-moi t’enseigner, voyante sans lunette,
 La supériorité des visions du poète.
Tu brodes des histoires sur des lignes muettes,
Ma dentelle s’écrit dans une nuit parfaite.

Qu’importent les tarots et les constellations,
Dans mes veines coulent de plus puissants poisons,
L’encre rouge du sang et ses prémonitions,
Se passent de tes flammes et de tes potions.

Car la plume tranchante serrée dans ma main,
Se change en poignard et sa lame d’étain,
Dans ma paume vierge tracera mon destin,
Du futur, de demain je serai l’écrivain.

Une ligne de vie, du poignet à jamais,
Je trancherai ici avec mes vers brisés.
Le treizième zodiaque sera son portrait,
Dans ma main découpé, sur ma peau tatoué.

Et de la tour d’argent où tu vis, où tu meurs,
De tes yeux asséchés par trop de droits d’auteur,
Tu verras s’animer cette foule d’acteurs,
Toi l’écrivain public, qui n’écris que tes peurs.

Alors je reviendrai sur l’autel où tu gis,
Couvrirai tes yeux morts de mes derniers écrits.
Peut-être croirai-je l’ultime prophétie,
Car tu liras enfin ma vraie chiromancie.

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