Chiromancie
Première partie: La mauvaise
aventure
Bohémienne veux-tu interrompre ta
danse ?
Les mélodies d’opium te montent à la
tête,
Les cordes des violons, les garçons
de la fête,
Enroulés à ton cou nourrissent ta
démence.
Sous tes jupons en feu, des pieds
rouges de sang
Arpentent une Terre où règnent les
phœnix,
Tu chevauches les mythes, sans cesse
renaissants,
Et moi qui meurs beaucoup, te rends
mon crucifix.
Redonneras-tu vie au futur
avorté ?
Incendiaire gitane, j’implore ta
pitié.
Des flammes écarlates, bûché de tes
amants,
Eclaire mes ravins et fais sécher le
sang.
D’un regard arrogant elle saisit ma
main,
Serrant dans ses doigts longs, des
braises et des cendres
Une fumée bleutée monte vers le matin
A travers ses phalanges,
transperçant la peau tendre.
La poésie serpente dans les
fumerolles,
En langues inconnues s’instaure le
dialogue.
Entre moi et demain, le temps déjà
s’envole
Yeux clos et cœur ouvert, tous mes
organes voguent.
Son œil langoureux parcourt mes
veines pâles
Nous débattons en mots que j’avais
désappris,
Sa voix se travestit lorsque la
ligne parle,
Et dans la paume moite coulent des
flots de vie.
Qu’avait-elle saigné, de son regard
tranchant,
Pour qu’apparaisse enfin sur le sol
poussiéreux
L’icône fantasmée de l’amour
insolent,
Et si longtemps cachée à un monde
sans yeux ?
Dans le Marais gris bleu de la nuit
des gitans,
Le doigt pointé vers rien dessine
dans le noir
Le profil familier d’un hasard
envoûtant
Mais la gitane rit et souffle sur
l’espoir.
Et le néant s’abat comme un grand
oiseau noir
Et la nuit se repais du visage
éphémère,
Terrassé par l’absence j’implore ma
sorcière,
De lire dans ma main la fin de mon
histoire.
Toi, portrait oublié né dans les
flammes claires,
Je te pourchasserai au-delà du futur,
Sous ma peau, dans le sang et sur
les autres terres,
Je vengerai sans fin l’absence qui
torture.
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