vendredi 7 mars 2008

Un jour, là bas


Il y a ces îles d’ambre et d’émeraude, qu’on laisse au loin là bas entre le ciel et l’eau
Où l’on passe tant de temps sans jamais les fouler, où l’on laisse tant de soi.
On y dépose des rêves, des idées trop frileuses pour nos climats humides,
On y construit sa vie, loin des conventions, et on l’y laisse fleurir, avec les hibiscus.
On y laisse son or et ses belles années, qu’on retrouvera un jour, là bas.
Pourquoi craindre d’y croire, puisqu’on se dit au fond qu’on ne saura jamais
Le vrai visage de l’île dont on rêve souvent, où l’on vit en secret.

Il y a ces jours de rire et de miel, qu’on laisse au bout du temps, après d’autres orages,
Quand toutes les nuits du monde auront été dormies, un rayon de soleil nous caressera la joue.
Un doux ruban doré aux odeurs de jasmin ornera nos poignets et flottera dans le vent,
Lorsque nous danserons, comme dansent les champs, lorsque nous frémirons.
Ces jours où vient enfin ce qui n’arrive jamais, où l’on a reporté ce qu’on ne peut prévoir
Pourquoi craindre d’y croire, puisqu’on sait bien en soi qu’on attendra en vain,
Mais que l’attente est douce quand l’escale est sublime et le jour est divin !


Il y a ces jardins où les secrets fleurissent butinés par les anges, les rois et les mésanges,
On s’attend à les voir transpercer le bitume, et marchand dans les rues, les yeux à demi clos,
Voilà qu’un chèvrefeuille caresse notre cou. La main trouve sa compagne et les yeux leur sourire,
Car on n’est jamais seul dans les jardins secrets. Et on parie ensemble abeille ou papillon.
On reste des années assis dans la mousse, regardant le carnaval changeant des lupins.
On se réveille dans le bus, et les lampadaires ne sont pas des lupins. Qu’importent les néons,
Je suis caméléon, et mon jardin sent bon, vous le verrez, un jour, là bas.

Et puis il y a le roi, qu’on rencontre un jour, là bas, et qui vous donne la clé.
« Aujourd’hui, c’est jour de miel, voici la clé de l’île, et la petite pour le jardin ».
Et le roi vous offre sur un beau coussin rouge vos rêves encadrés, s’agenouille et s’incline.
Il vous supplie de daigner habiter l’île, et de rester avec lui regarder les lupins se déguiser.
Il vous apprend que les nuits du monde ont toutes été dormies, qu’il n’y a que le miel à venir.
Alors on se réveille, plusieurs fois, et le meilleur est alors que le roi est aussi là.