dimanche 21 février 2016

Le sang d'un poète

 
Perdu au bout du monde, ou perdu dans sa tète,
Aimant à l'infini les foules qui le rejettent,
Il est dans la folie comme on est à la fête,
Les rimes qu'il écrit sont le sang d'un poète.

Et quand des yeux amants sur son coeur se projettent,
Répétant après lui tous les chants qu'il répète,
Quand leurs lignes de vie s'écrivent et se promettent,
L'encre qui les unit est le sang d'un poète.



Le lourd liquide dans mes veines,
Est la liqueur des derniers soirs,
Où pour noyer mes tendres peines,
Je n'eus plus que mon sang à boire...

A quoi bon peupler l'univers,
Lorsque les foules rient de moi,
Quand je vois le monde à l'envers,
Des solitudes je suis roi.



 
De cet empire familier,
Le souverain est prisonnier.
Il livre en langue inconnue,
Les vérités de son coeur nu.

Et torturé par ses visions,
Ses rimes gardent sa prison,
Et dans ce monde d'incompris,
Il nourrit sa propre folie.






  

Venez plus près, tendez la main,
Que savez vous de mon destin?
Vous n'entendez jamais mes mots,
Mais entendez soigner mes maux?

Je voulais mourir seul et fou,
Pourquoi danserais-je avec vous?
Si vous colonisez mon ile,
S'il vous plait laissez-moi tranquille!



Vous résistez a mon chantage,
Prétendez parler mon langage,
Dites-moi, suis-je mort enfin?
Ai-je trouvé mon ange gardien?

Dans le désert ou nous vivons,
Se peut-il que nous trouvions,
Au gré des vers que nous saignons,
Quelqu'un qui saigne à l'unisson?



Connais-tu ce soleil nouveau?
Cette lumière qui me rend beau?
Cette caresse, ce soleil bleu,
Est la lumière de tes yeux!

Je te dessine, je te crée,
Mes reves tracent ton portait,
Sous ton regard mon corps renait,
Car tu me vois comme Dieu m'a fait. 

Perdu au bout du monde, ou perdu dans sa tète,
Aimant à l'infini les foules qui le rejettent,
Il est dans la folie comme on est à la fête,
Les rimes qu'il écrit sont le sang d'un poète.

Et quand des yeux amants sur son coeur se projettent,
Répétant après lui tous les chants qu'il répète,
Quand leurs lignes de vie s'écrivent et se promettent,
L'encre qui les unit est le sang d'un poète.

samedi 20 février 2016

Atelier d'artistes


L’œil ne quitte pas l’œil, horizons l'un pour l'autre,
Éternellement vierges, infiniment sages,
Adam et Eve veillent, ils sont tous les apôtres,
Et sous la peau d'argile, le cœur ne prend pas d'âge.

Sur leurs corps pétrifiés courent des doigts sensuels
Les cheveux décoiffés flottent encore au vent,
Leur courbes se marient en noces éternelles,
Quand les artistes s'aiment, le paradis attend. 


Au cœur des villes grises, où l'homme ne voit pas,
Les couleurs se reposent dans l'atelier d'artiste,
Pour donner aux aveugles quelques tubes de joie,
Ici un Dieu d'amour repeint l'horizon triste.

Armé de ses pinceaux, il combat l'invisible,
Démasque la beauté cachée dans la grisaille,
Et lorsque les couleurs recouvrent l'impossible,
Ses rêves ses visions s'écoulent sur la toile.

 

Tout le long des années, des enfants dessinés,
Se nourrissent des regards que l'on offre au passé.
Les yeux figés observent, puis toujours redonnent,
Cet amour infini reçu de la Madone.

L'image dans mes yeux, et qui nous survivra,
Moi seul dans l'atelier et toi étendue là...
Quand le présent s'endort, le peintre vit de songes,
Tu dors les yeux ouverts, et les instants s'allongent.




Te souviens-tu encore, depuis ton autre monde,
Des mondes fantastiques que nous rêvions ensemble ?
L'amour en noir et blanc, où les amants se fondent,
Et les yeux colorés d'enfants qui nous ressemblent ?

Tous les mots oubliés, le temps me les rapporte,
Et les amours passées aujourd'hui se regardent,
Qui dit amours passées ne dit pas amours mortes,
Dormant dans nos tableaux, la romance s'attarde.




 
Grandi par la fierté des animaux sauvages,
Le sphinx d'ocre roux règne sur les images,
Les visions volatiles sont gravées dans la pierre,
Et la trivialité déjà quitte la Terre.

Des formes fantasmées s'écoulent des légendes,
Les mythes fondateurs apportent leurs offrandes.
La roche se nourrit de la mythologie,
Et le sphinx de pierre s'envole dans la nuit.



Et quand un jour nouveau pénètre l'atelier,
Quand la lumière pâle caresse le papier,
Le futur endormi s’éveille lentement,
Sous le regard aimant d'une vierge à l'enfant.

De ses yeux noirs et blancs s'envolent des oiseaux,
Qui traversent le temps et survolent le port,
Une Bretagne nue naissant sous le pinceau,
Où lignes et couleurs s'aiment après la mort.

dimanche 14 février 2016

Mécanismes de séduction

Mécanismes de séduction

Un œil qui s'ouvre dans le noir,
Un jour se lève, déjà le soir,
Ternit le blanc, voile l'espoir,
La nudité sous le pouvoir.

La naissance de l'esclavage,
Et l'enfance dans les rouages,
L'innocence meurt avant l'âge,
Séduction à l'état sauvage.

Hommes et femmes de fer, aux armes citadins !
L'industrie des amours forme ses bataillons,
Des légions de machines, des armées d'orphelins,
Descendants des mécanismes de séduction.


Sous la dentelle, sous le fard,
Du noir détourner le regard,
Et maquiller ce teint blafard,
Pour mieux se fondre dans le soir.

Les mécanismes épouser,
Jouer encore, un jour gagner,
Prétendre la fragilité,
Machine apprends à aimer !

Hommes et femmes de fer, aux armes citadins !
L'industrie des amours forme ses bataillons,
Des légions de machines, des armées d'orphelins,
Descendants des mécanismes de séduction.


L'infini des nuits minérales,
Sur sa colonne vertébrale,
L'amour devenu machinal,
Des stratégies d'acier glacial.

Dans un monde vide et rouillé,
Les mécanismes bien huilés
D'un corps industrialisé,
D'une fragile complexité.

Hommes et femmes de fer, aux armes citadins !
L'industrie des amours forme ses bataillons,
Des légions de machines, des armées d'orphelins,
Descendants des mécanismes de séduction.

L'armure de sa peau de soie,
Plus qu'un métal, une foi,
Sa main gantée qui fait la loi,
Ferait trembler la main d'un roi.

Nuits de velours et jours de fer,
Le temps, l'argent, femme d'affaires,
Sculptent les portes d'un enfer,
Industriel et solitaire.

Hommes et femmes de fer, aux armes citadins !
L'industrie des amours forme ses bataillons,
Des légions de machines, des armées d'orphelins,
Descendants des mécanismes de séduction.

Toi la femme inoxydable,
Aux engrenages implacables,
De quoi es tu encore capable,
Pour éviter l'inévitable ?

Ta peau, armure sublimée,
Par des siècles de société,
Mère de tant de cœurs brisés,
Ruine ceux qui l'ont méprisée.

Hommes et femmes de fer, aux armes citadins !
L'industrie des amours forme ses bataillons,
Des légions de machines, des armées d'orphelins,
Descendants des mécanismes de séduction.

Machine froide, femme hautaine,
Quel sang peut couler dans tes veines ?
Ont-ils senti sous la carène,
Les feux de la chaleur humaine ?

On t’accuse de perfection,
D'indifférence, de raison,
Mais la survie porte ton nom,
Mécanisme de séduction.

Hommes et femmes de fer, aux armes citadins !
L'industrie des amours forme ses bataillons,
Des légions de machines, des armées d'orphelins,
Descendants des mécanismes de séduction.


dimanche 7 février 2016

L'homme lit

L'homme lit
Du corps décomplexé, de la force de l'âge,
La maladie se moque, et son libertinage,
Ne connaît de frontière que le trépas final,
Répand de lit en lit, ses passions viscérales.

Murmurant sur son lit, étendu gravement,
Esclave d'une fièvre, l'homme prête serment.
Sur son corps se déversent des flots de gravité,
L'esprit est prisonnier d'un corps abandonné.

L'homme-lit s’alanguit, baignant dans sa sueur,
Et l'âme se délie quand le corps s'évapore.
Dans le lit absorbant où l'homme nu se meurt,
Des mondes inconnus naissent dans la torpeur.


Pour un temps, une maladie,
Amant d'un livre, amant d'un lit,
Tomber du monde lentement,
Lire le monde en attendant.
Apprivoiser la vie sauvage,
Et la laisser au gré des pages,
Guérir nos yeux, guérir nos maux,
Et montrer du doigt chaque mot.
Les autres partent en voyage,
Vers la fortune, vers le naufrage,
L'homme-lit flotte sur les heures,
Les jours fiévreux sont ses auteurs.


L'homme lit librement, alité littéraire,
Des romans idéaux décorent ses paupières.
Les yeux fermés il lit, et son esprit romance,
Les histoires insensées que dicte la démence.

La fièvre poétique, du matin au soir,
Ecrit sur l'écran noir où le réel trépasse.
Et sur les pages blanches de sa faible mémoire,
Le génie apparaît, et dans l'instant s'efface.

La maîtresse torride l'enlace et le quitte,
A chaque instant le trompe, le condamne et l'acquitte.
Les paupières épuisées par les fiévreux délires,
Sur une vie trop sage finissent par s'ouvrir.

Pour un temps, une maladie,
Amant d'un livre, amant d'un lit,
Tomber du monde lentement,
Lire le monde en attendant.
Apprivoiser la vie sauvage,
Et la laisser au gré des pages,
Guérir nos yeux, guérir nos maux,
Et montrer du doigt chaque mot.
Les autres partent en voyage,
Vers la fortune, vers le naufrage,
L'homme-lit flotte sur les heures,
Les jours fiévreux sont ses auteurs.

L'homme lit lentement, il dort les yeux ouverts.
Il flotte sur le jour, inondé de lumière,
Les livres par milliers entrent par la fenêtre,
Se posent sur le lit et lui racontent l'être.

Page à page dans le défilé des nuages,
L'homme-lit s'extasie et voit grandir son âge.
Enchaîné à la vie par une santé fière,
Forcé de voir le monde, et d'observer la guerre.

Le temps son ennemi, cet assassin fidèle,
Posé au coin du lit, le fixe un instant,
Lui parle calmement : «Pour les hommes mortels,
Rien n'est jamais trop long, rien n'est jamais trop lent. »