mardi 28 décembre 2010

En attendant...

En attendant il joue à des jeux qu’il invente,
Il joue des rôles, il joue des scènes, il parle seul,
Pour son miroir il joue le drame de ses écueils,
Il tue des heures dans le couloir de son attente.

En attendant il fixe la fenêtre ou l’écran,
A travers le nuage de son souffle mourant.
Il ne voit que l’hiver inlassablement blanc
Où rien ne vient, où rien ne vit, où tout est lent,

En attendant il dort, ou il feint le silence,
Figeant son apparence dans un corps étendu,
Quand au cœur de sa chair dansent des lames nues :
Les aiguilles d’un cadran gravé d’heures immenses.

En attendant il peint, des sourires sur des masques
Qu’il exhibe le soir, ou quand on le visite,
Alors le masque danse sur ses traits de granit,
Mais l’impatient exècre la vanité des frasques.

En attendant il trace de sa main glacée
Sur un papier froissé des lettres qu’il déchire.
A ses longs monologues répondent ses soupirs,
Et les heures détruisent les mots qu’il a couchés.



En attendant il meurt, lentement et sans bruit
Dans le silence épais d’un manque omniprésent,
Qui étouffe les voix des amis inconscients
Lui rabâchant en vain des sentiments appris.

En attendant l’aurore, parée de flammes roses,
Il écrit sur les murs le prénom de l’absent,
Il s’entoure de lui et se noie dans sa prose,
Et suffoque d’amour sous des pleurs naissants.

En attendant il rêve d’avant ou de demain
D’un autre jour mais quand ? Il ne sait plus très bien.
De ces lèvres sauvages qui l’embrassaient hier,
Que le temps déserté a changées en chimères.

Et puis la porte s’ouvre, et puis la voix résonne.
La lumière, les parfums, reviennent en cortège,
Et dans la chambre nue reprennent les arpèges,
La chanson familière mais jamais monotone.