mardi 30 août 2016

La porte des mondes

La porte des mondes 


La lumière au bout du couloir,
Un feu tremblant,
S'éteint avant que vienne le soir,
Crime du vent.
Peureux tu fais semblant de croire,
Aux morts vivants,
Mais tu habites au purgatoire,
Où meurt le temps.

On vit au bord d'une falaise,
Dort sur un pont,
Quand sous nos pas glisse la glaise,
L'escalier fond,
Et le vent veut que l'on se taise,
Vole nos noms,
Seule l'amnésie nous apaise,
Rien n'est trop long.

Une porte devant, une porte derrière,
Ouvre à chaque moment, et referme les mondes.
Respire l'inconnu, amant des courants d'air,
Le vide permanent, le temps qui nous inonde.

Jusqu'à la mort tu redécouvres,
Les jeux de la porte des mondes,
Déjà se ferme, ce qui s'ouvre,
Et creuse des tombes profondes.
Et ce qui naît déjà se meurt,
Et ce qui gèle déjà fond,
Se ferme la porte des heures,
Tombe le plomb du temps profond.


Tu rencontres chaque seconde,
La dévisage,
Un portrait de toi qui te sonde,
Puis fait naufrage,
Et le passé se noie dans l'onde,
Tu prends de l'âge,
L'horloge tue ce qu'elle féconde,
Maîtresse sage.

Ici le temps souffle en tempête,
Tout s'évapore,
Les portes claquent dans ta tête,
Et sur ton corps,
Les baisers, les instants de fête,
Sont déjà morts.
Il faudra bien que tout s'arrête,
Mais pas encore...

Tu refermes la porte, l'oubli jette la clé,
Tu veux te souvenir, le passé se suicide,
Regarde devant toi, le futur verrouillé,
Une prison percée de portes translucides.

Jusqu'à la mort tu redécouvres,
Les jeux de la porte des mondes,
Déjà se ferme, ce qui s'ouvre,
Et creuse des tombes profondes.
Et ce qui naît déjà se meurt,
Et ce qui gèle déjà fond,
Se ferme la porte des heures,
Tombe le plomb du temps profond.


La clé en main, les yeux fermés,
Dans ta raison,
Tu peinds en noir le ciel bleuté,
De l'horizon.
Tu reconstruis les murs cassés
De ta prison,
En espérant que les années
T'épargneront.

Mais la vie entre sans frapper,
Elle s'invite,
Le doux présent vient t'enlacer,
Et puis te quitte,
Comme ces amours passionnées,
Qui meurent trop vite,
Le bonheur saura t'oublier,
Si tu l'évites.

Le temps est animal bohème, il se fait élastique,
Tu le fuis, il revient, cœur blessé, bras ouverts,
Tu crois l'emprisonner, il se fait monastique,
Et périt dans tes bras, qui l'avaient privé d'air.

Jusqu'à la mort tu redécouvres,
Les jeux de la porte des mondes,
Déjà se ferme, ce qui s'ouvre,
Et creuse des tombes profondes.
Et ce qui naît déjà se meurt,
Et ce qui gèle déjà fond,
Se ferme la porte des heures,
Tombe le plomb du temps profond.

samedi 27 août 2016

L'absoleil

L'absoleil


As-tu déjà marché, pieds nus et dans la nuit,
Quand les ombres s'amusent à tisser nos pensées,
Que les armées du noir profanent les blessés,
Et que le subconscient proclame l'anarchie ?

Il est des heures lourdes, chargées de cauchemars,
Où des sentiments sales emplissent les nuages,
Et les pluies de vermeil qui pleuvent sur nos âges,
Dissolvent dans l'oubli et l'amour et les arts.

Et puis revient toujours, et prions qu'il revienne,
Sur son char enflammé, et son glaive d'or luit,
Le soleil indompté ! Ses baisers incendies,
Brûleront les démons de mes nuits diluviennes


Tu dors.
Sur ton corps,
Le monde mort,
Se moque de ton sort.

Traverse la nuit noire, caché dans ton sommeil,
Et prie qu'au matin froid, quand s'enflamme le ciel,
Un absolu soleil ordonne le réveil,
Efface d'un baiser les crimes de la veille.

L'absoleil levant,
L'absoleil régnant,
L'absoleil absolument...

L'absoleil couchant,
L'absoleil mourant,
L'absoleil absent...

Et comme survivants sur un champ de bataille,
Arpentons le matin ravagé par le feu,
Découvrons le monde brûlé par le ciel bleu,
La lumière sur ton corps referme les entailles.

S'enroulant à ton cou, glissant entre tes doigts,
La chaleur de l'été soude les peaux coupées,
Le long des plages d'or poussent les naufragés,
Le soleil leur promet « Moi je ne veux que toi ».

Sur le sable léger, meurent nos gris passés,
Quand l'absolu soleil absout l'absence nue,
Quand un tyran lointain légifère des nues,
Nous oublions pour lui nos peurs évaporées.

Tu dors.
Sur ton corps,
Le monde mort,
Se moque de ton sort.

Traverse la nuit noire, caché dans ton sommeil,
Et prie qu'au matin froid, quand s'enflamme le ciel,
Un absolu soleil ordonne le réveil,
Efface d'un baiser les crimes de la veille.

L'absoleil levant,
L'absoleil régnant,
L'absoleil absolument...

L'absoleil couchant,
L'absoleil mourant,
L'absoleil absent...

Regarde dans tes yeux, tu ne vois plus que lui,
Il allume le monde, il peint ton avenir,
Et déjà il t'aveugle, et part sans prévenir,
Il coule dans tes veines, et puis le jour s'enfuit...

Nous aimons nous noyer dans ces mers d'illusion,
Bercés par ces soleil, ces rois instantanés,
Nous étranglant au soir, de leurs mots doux fanés,
La brûlure dure le temps de la saison.

Et pourtant cette nuit, ton sang s'est réchauffé,
Ton cauchemar est mort, tué par un rayon,
L'absoleil nous pardonne nos révolutions.
Traverse la nuit noire, il reviendra t'aimer.

Tu dors.
Sur ton corps,
Le monde mort,
Se moque de ton sort.

Traverse la nuit noire, caché dans ton sommeil,
Et prie qu'au matin froid, quand s'enflamme le ciel,
Un absolu soleil ordonne le réveil,
Efface d'un baiser les crimes de la veille.

L'absoleil levant,
L'absoleil régnant,
L'absoleil absolument...

L'absoleil couchant,
L'absoleil mourant,
L'absoleil absent...


lundi 1 août 2016

Saigneur d'yeux

Saigneur d'yeux

Un autre jour se meurt en noyant son soleil,
Dans l'horizon tremblant d'océans rougissants.
La nuit éclaire le monde, et le noir nous éveille,
Des créatures étranges nous aiment aveuglément.

Voyagez prudemment dans ce royaume sombre,
Car ses rues sont pavées d'êtres agonisants,
Et des mains de voleurs sortent de ses murs d'ombre,
Puisant entre vos côtes la chaleur des vivants.

Sentez leur accolade, l'amour vertigineux,
Vous vous saviez perdu, et ils vous ont trouvés.
Vous tombez avec eux, ouvrez enfin les yeux,
Ils sont vos saigneurs d'yeux, et déjà vous saignez.

Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces soldats bleus se meurent pour toi.
Des dieux envieux guident leurs pas,
Leurs prophètes odieux, ne me trompent pas.
Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces hommes creux, ton armée sans foi.

Sur votre dos nus glisse le doux velours du soir,
D'une nuit exaltée où enfin vous naissez.
Vous ne voyez que lui, il n'y que lui à voir,
Vous appelez "amour" ces nuits emprisonnées.

Vos vertèbres rougissent, sous le jus exutoire,
Parfum crépusculaire qu'il vous fait transpirer.
Vous mourrez déjà, ivre, et il vous donne à boire,
La liqueur absolue de l'éden distillé.

Que les nuits étaient douces, il suffisait de croire,
Un contrat à signer, et pour l'éternité ...
Mais cet amour aveugle meurt avec votre espoir,
Et votre saigneur d'yeux déjà vous a trompé.


Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces soldats bleus se meurent pour toi.
Des dieux envieux guident leurs pas,
Leurs prophètes odieux, ne me trompent pas.
Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces hommes creux, ton armée sans foi.

Vous étiez à genoux mais déjà vous marchez,
Les odes amoureuses rampent sous les tambour,
Et marchent prés de vous tant d'autres yeux crevés,
La légion d'étrangers qui s'enfuit loin du jour.

A pas lourds, à pas lents, ou à pas de géants,
L'armée à reculons marche vers l'horizon.
Vers une ligne noire, vers un point rouge sang,
Une balle tirée sur la vie sans raison.

Pourtant nous courons tous vers une même nuit,
Ses rêves, ses cauchemars nous attendent déjà.
Mais la vie en plein jour sous le temps fou s'enfuit,
La lumière s'éteint, les saigneurs d'yeux sont là.


Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces soldats bleus se meurent pour toi.
Des dieux envieux guident leurs pas,
Leurs prophètes odieux, ne me trompent pas.
Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces hommes creux, ton armée sans foi.