vendredi 4 janvier 2019

Un sang d'hier

Un sang d'hier


Je sais un assassin qui traverse les temps,
Qui file sous nos yeux et jamais n'est puni,
Maître des illusions aux portraits désunis,
Et commet sans répit, jamais masqué pourtant.

Il sait mille drogues et autant de parfums,
Portant légères robes et verbes distillant,
Un peintre fabuleux, un poison toujours lent,
Qui sait par vos amours arriver à ses fins.

Quand se posent ses mains, sur votre front perlé,
Un froid incendiaire,
Le bel anesthésiste sur vous s'est penché,
Transfuse un sang d'hier,
Ses mirages tranchants, ses lames argentées,
Son œil incendiaire,
Les chimères mordent des plaies réinventées,
Coule un sang d'hier.

Qu'il était doux pourtant ce velours étoilé,
Et la chair s'attendrit infusée de liqueurs,
Délires distillés, fusées ou crève-cœur,
La Nuit évidemment, cet assassin voilé !

Placide araignée aux crimes effacés,
Tissant de noir soyeux le linceul de nos jours,
Riant en soir joyeux, étranglant nos toujours,
Recycle en songes de vieux jouets cassés.

Quand s'éloignent ses mains, de vos draps transpirés,
Un froid incendiaire,
La belle lavandière sur vous s'est penchée,
Laver un sang d'hier,
Ses visages tremblants, ses larmes argentées,
Son œil incendiaire,
Ses aiguilles traversent la soie de nos années,
Sèchent un sang d'hier.

La nuit a tout lavé, n'a pas laissé de trace,
Restes désinfectés, empreintes disparues,
Tout juste son parfum qui planait dans la rue,
Comme le font souvent les oiseaux de sa race.

Les jours meurent un à un, l'hécatombe fleurit,
Le monde s'indiffère, enivré par l'oubli,
Et sous son gant de fer, ma mémoire faiblit,
Mais serre le portrait d'un homme qui sourit.