vendredi 30 décembre 2016

La cinquième saison

La cinquième saison


Qui n'a jamais rêvé de ces heures incongrues,
S'étirant enlacées, plus loin que la raison,
En regardant le ciel, le corps et l'âme nus,
Faire ce pas de plus, au delà des saisons.

Lorsque l'hiver finit que tarde sa relève,
Quand l'aube ne vient plus, que le vent est tombé,
Lorsque l'horloge fond, et la vie est en trêve,
La cinquième saison peut enfin commencer.

Oubliez en chemin les mondes fantasmés,
Ici ciel et terre, sont mélangés,
Dieux et hommes, aux sangs mêlés,
Ont appris à saigner.
Vous, désarmés,
Entrez.

Ce monde inconnu, pourtant si familier,
Tapissé de visages érodés par l'oubli,
Où les arbres sous terre fleurissent à six pieds,
Dormait au fond de toi, et depuis tant de nuits.

Loin des longs horizons et des boucles bouclées,
Sous le joug impérieux d'Alices tyranniques,
Des enfants insolents rient des années usées,
Qui servent de monnaie aux hommes amnésiques.

Chez toi la liberté est jetée en pâture,
Ici vénérée, une dictature,
La liberté, jusqu'à l'usure,
Hors du temps, hors des murs,
La mort si pure,
Endure.

Le diktat ennuyeux des jours et des saisons,
A peint tes yeux de bleu, de rose écœurants,
Ici tu ne vois rien, le vide est ta maison,
Mais c'est bien toi qui peints, sur les yeux des vivants.

Un jours tu vis au ciel, et c'est la Terre qui pleut,
Une pluie de prières tombe sur les esprits.
Mais même après la vie, mes morts ne sont pas Dieux,
Et les âmes lassées ouvrent leurs parapluies.

Tu as trop attendu la cinquième saison,
Les quatre premières demandent pardon.
Et l'on se plaint à l'unisson,
Pour mourir seul et con,
Toi, rêve abscons,
Réponds !

Les arrogants suprêmes, les rois en foule dense,
Ont vendu leurs croyances et leur virginité,
Pour l'idée d'une grâce, pour la dernière danse,
Pour la postérité se sont prostitués.

Les peuples éphémères ont la mémoire sale,
Et leur éternité rétrécit en machine,
Toujours insatisfaits, et leur sang rose pâle,
Couvre des épitaphes gravés dans le platine.

Coulent les jours, les nuits et coulent les années,
Sur les cœurs fiévreux, sur les corps blessés,
Tu la verras, les yeux fermés,
La saison oubliée.
Âmes trompées,
Entrez !

dimanche 4 décembre 2016

Chants de lumière

Chants de lumière


Matin
Ces quelques notes rares, perlant sur l'horizon,
Ces quelques mots d'espoir dans un lent oraison,
Écrits en clé de songe sur d'autres partitions,
Chantent après la nuit, une ode à la raison.

Quand l'ombre s'évapore, au matin bouillonnant,
Les draps aussi s'envolent sur les corps des amants,
La main chaude se glisse, main du soleil levant,
Entre les peaux trop lisses et trop froides du temps.

Nous marchons les pieds nus sur ces champs de lumière,
Les yeux fermés encore, explorant la poussière,
Nos doigts fous nous devancent, et courent sur la pierre,
La rosée du matin sur le marbre d'hier.

Midi
Les inhumains ont beau planter les pierres tombales,
La lumière fleurit dans nos plaies abyssales,
Le soleil du midi sans fin emplit nos Graals,
Et ses chants triomphants couvrent les fleurs du mal.

Ces mélodies dorée mêlent à la tempête,
Le jaune le violet, nos deuils et jours de fête,
L'été soudain s'enflamme, et il pleut dans nos têtes,
Mais quand cesse l'orage, la vie même s'arrête.

Sur les champs de blé jaune, les chants de fauves faunes,
Peignent en couleurs chaudes les promesses aphones,
D'un été illettré aux passions homophones,
D'un soleil fatigué à l'aube de l'automne.

Soir
Au blêmes joues du jour, les larmes d'ombre coulent,
Les chants d'adieux s'étirent, les souvenirs s'éboulent,
Les mois d'ambre s'annoncent, et les amants se saoulent,
Au vin chaud des promesses, qui lentement s'écroulent.

Les symphonies s'apaisent au lit d'un feu mourant,
Les histoires se tissent, on les brode d'argent,
Les ritournelles naissent, au son triste du vent,
Les idylles s'endorment sur leurs anciens serments.

Et pourtant au dehors, des violons telluriques,
Jaillissent laves rouges, bruns et ocres épiques,
Les jours froids, les jours morts, ont aussi leur musique,
Leurs mélodies se perdent dans la nuit métallique.

Nuit.
Dans un calme glacial, perçant l'hiver blafard,
Le chant d'une sirène, la lumière d'un phare,
Les peines qu'on oublie, les rêves qu'on répare,
Musique de la nuit, lumière dans le noir.

Les yeux couverts de glace nous traversons l'hiver,
Dehors si le temps passe, nous revivons hier,
Entre nous et le froid, quelques barreaux de fer,
Contre la mort, l'oubli, n'ont jamais rien pu faire.

Les chants désespérés, mélodies en prison,
Où les passions se meurent, où meurent les saisons,
Sont des chants de lumières, attendant la moisson,
Quelques notes trop rares, perlant sur l'horizon.

samedi 24 septembre 2016

L'Anarcisse

 
L'Anarcisse


Ils se sont rencontrés tout au bord d'un ruisseau,
Quand l'onde s'est calmée, ils se sont révélés,
Ils se sont reconnus, jaloux comme deux jumeaux,
Portrait sauvé des eaux, ennemi destiné.

Sous le premier regard déformé par les rires,
Coulait le noir venin des rancœurs oubliées,
Les vérités trop pures des miroirs sont les pires,
Et marquent à jamais les reflets torturés.

Les lacs, les rivières, tant de miroirs brisés,
De coups de poings rageurs, et d'années de malheur,
Mais chaque fois renaît, sur l'eau cicatrisée,
Le visage étranger de ce reflet moqueur.



Soufflant sur l'eau qui dort, et qu'il faut réveiller,
De ce long cauchemar au visage trop lisse,
Une pierre jetée, au miroir lapidé,
Balafre et guérit, pour un temps l'Anarcisse.

La pluie couvre de rides son visage triste,
Un sourire fleurit entre les cicatrices,
La surface du lac, un miroir anarchiste,
Adopte l'orphelin reflet de l'Anarcisse.

Marchant les yeux fermés dans les rues de la ville,
L'Anarcisse s'oublie dans son obscurité.
Les paupières épaisses, et marchant sur un fil,
Il vit dans un silence d'invisibilité.

Derrière deux murs d'ombre, le monde crie son nom,
Sa nuit n'est pas étanche aux peintures fictives,
Son portrait refleurit quand l'oubli devient long,
Au plus profond de lui, le monde l'invective.

Il vit sans son reflet, amoureux de son ombre,
Et les miroirs déjà tapissent ses paupières.
Fuyant le face à face, il multiplie le nombre,
Des ennemis blessés, qui le lient à hier.



Soufflant sur l'eau qui dort, et qu'il faut réveiller,
De ce long cauchemar au visage trop lisse,
Une pierre jetée, au miroir lapidé,
Balafre et guérit, pour un temps l'Anarcisse.

La pluie couvre de rides son visage triste,
Un sourire fleurit entre les cicatrices,
La surface du lac, un miroir anarchiste,
Adopte l'orphelin reflet de l'Anarcisse. 
 
Un jour le rêve meurt et la nuit doit finir.
La vie le transperce de son glaive de verre,
Et quand tombe l'épée, la honte doit mourir,
Car un miroir fleurit devant ses yeux ouverts.

A-t-il vécu longtemps dans ses marais obscurs ?
Le reflet ce matin n'a rien de familier.
Ses lèvres virginales lui chantent des mots purs,
C'est un visage doux, et qu'il veut caresser.

« Laisse-moi devant toi, devenir ton miroir,
Mes yeux ne te voient pas, mais mon amour te peint.
Aime-toi dans mes yeux, crois mes mots pour te voir,
Dans mes yeux mon amour, Narcisse tu deviens. »



Soufflant sur l'eau qui dort, et qu'il faut réveiller,
De ce long cauchemar au visage trop lisse,
Une pierre jetée, au miroir lapidé,
Balafre et guérit, pour un temps l'Anarcisse.

La pluie couvre de rides son visage triste,
Un sourire fleurit entre les cicatrices,
La surface du lac, un miroir anarchiste,
Adopte l'orphelin reflet de l'Anarcisse.


mardi 30 août 2016

La porte des mondes

La porte des mondes 


La lumière au bout du couloir,
Un feu tremblant,
S'éteint avant que vienne le soir,
Crime du vent.
Peureux tu fais semblant de croire,
Aux morts vivants,
Mais tu habites au purgatoire,
Où meurt le temps.

On vit au bord d'une falaise,
Dort sur un pont,
Quand sous nos pas glisse la glaise,
L'escalier fond,
Et le vent veut que l'on se taise,
Vole nos noms,
Seule l'amnésie nous apaise,
Rien n'est trop long.

Une porte devant, une porte derrière,
Ouvre à chaque moment, et referme les mondes.
Respire l'inconnu, amant des courants d'air,
Le vide permanent, le temps qui nous inonde.

Jusqu'à la mort tu redécouvres,
Les jeux de la porte des mondes,
Déjà se ferme, ce qui s'ouvre,
Et creuse des tombes profondes.
Et ce qui naît déjà se meurt,
Et ce qui gèle déjà fond,
Se ferme la porte des heures,
Tombe le plomb du temps profond.


Tu rencontres chaque seconde,
La dévisage,
Un portrait de toi qui te sonde,
Puis fait naufrage,
Et le passé se noie dans l'onde,
Tu prends de l'âge,
L'horloge tue ce qu'elle féconde,
Maîtresse sage.

Ici le temps souffle en tempête,
Tout s'évapore,
Les portes claquent dans ta tête,
Et sur ton corps,
Les baisers, les instants de fête,
Sont déjà morts.
Il faudra bien que tout s'arrête,
Mais pas encore...

Tu refermes la porte, l'oubli jette la clé,
Tu veux te souvenir, le passé se suicide,
Regarde devant toi, le futur verrouillé,
Une prison percée de portes translucides.

Jusqu'à la mort tu redécouvres,
Les jeux de la porte des mondes,
Déjà se ferme, ce qui s'ouvre,
Et creuse des tombes profondes.
Et ce qui naît déjà se meurt,
Et ce qui gèle déjà fond,
Se ferme la porte des heures,
Tombe le plomb du temps profond.


La clé en main, les yeux fermés,
Dans ta raison,
Tu peinds en noir le ciel bleuté,
De l'horizon.
Tu reconstruis les murs cassés
De ta prison,
En espérant que les années
T'épargneront.

Mais la vie entre sans frapper,
Elle s'invite,
Le doux présent vient t'enlacer,
Et puis te quitte,
Comme ces amours passionnées,
Qui meurent trop vite,
Le bonheur saura t'oublier,
Si tu l'évites.

Le temps est animal bohème, il se fait élastique,
Tu le fuis, il revient, cœur blessé, bras ouverts,
Tu crois l'emprisonner, il se fait monastique,
Et périt dans tes bras, qui l'avaient privé d'air.

Jusqu'à la mort tu redécouvres,
Les jeux de la porte des mondes,
Déjà se ferme, ce qui s'ouvre,
Et creuse des tombes profondes.
Et ce qui naît déjà se meurt,
Et ce qui gèle déjà fond,
Se ferme la porte des heures,
Tombe le plomb du temps profond.

samedi 27 août 2016

L'absoleil

L'absoleil


As-tu déjà marché, pieds nus et dans la nuit,
Quand les ombres s'amusent à tisser nos pensées,
Que les armées du noir profanent les blessés,
Et que le subconscient proclame l'anarchie ?

Il est des heures lourdes, chargées de cauchemars,
Où des sentiments sales emplissent les nuages,
Et les pluies de vermeil qui pleuvent sur nos âges,
Dissolvent dans l'oubli et l'amour et les arts.

Et puis revient toujours, et prions qu'il revienne,
Sur son char enflammé, et son glaive d'or luit,
Le soleil indompté ! Ses baisers incendies,
Brûleront les démons de mes nuits diluviennes


Tu dors.
Sur ton corps,
Le monde mort,
Se moque de ton sort.

Traverse la nuit noire, caché dans ton sommeil,
Et prie qu'au matin froid, quand s'enflamme le ciel,
Un absolu soleil ordonne le réveil,
Efface d'un baiser les crimes de la veille.

L'absoleil levant,
L'absoleil régnant,
L'absoleil absolument...

L'absoleil couchant,
L'absoleil mourant,
L'absoleil absent...

Et comme survivants sur un champ de bataille,
Arpentons le matin ravagé par le feu,
Découvrons le monde brûlé par le ciel bleu,
La lumière sur ton corps referme les entailles.

S'enroulant à ton cou, glissant entre tes doigts,
La chaleur de l'été soude les peaux coupées,
Le long des plages d'or poussent les naufragés,
Le soleil leur promet « Moi je ne veux que toi ».

Sur le sable léger, meurent nos gris passés,
Quand l'absolu soleil absout l'absence nue,
Quand un tyran lointain légifère des nues,
Nous oublions pour lui nos peurs évaporées.

Tu dors.
Sur ton corps,
Le monde mort,
Se moque de ton sort.

Traverse la nuit noire, caché dans ton sommeil,
Et prie qu'au matin froid, quand s'enflamme le ciel,
Un absolu soleil ordonne le réveil,
Efface d'un baiser les crimes de la veille.

L'absoleil levant,
L'absoleil régnant,
L'absoleil absolument...

L'absoleil couchant,
L'absoleil mourant,
L'absoleil absent...

Regarde dans tes yeux, tu ne vois plus que lui,
Il allume le monde, il peint ton avenir,
Et déjà il t'aveugle, et part sans prévenir,
Il coule dans tes veines, et puis le jour s'enfuit...

Nous aimons nous noyer dans ces mers d'illusion,
Bercés par ces soleil, ces rois instantanés,
Nous étranglant au soir, de leurs mots doux fanés,
La brûlure dure le temps de la saison.

Et pourtant cette nuit, ton sang s'est réchauffé,
Ton cauchemar est mort, tué par un rayon,
L'absoleil nous pardonne nos révolutions.
Traverse la nuit noire, il reviendra t'aimer.

Tu dors.
Sur ton corps,
Le monde mort,
Se moque de ton sort.

Traverse la nuit noire, caché dans ton sommeil,
Et prie qu'au matin froid, quand s'enflamme le ciel,
Un absolu soleil ordonne le réveil,
Efface d'un baiser les crimes de la veille.

L'absoleil levant,
L'absoleil régnant,
L'absoleil absolument...

L'absoleil couchant,
L'absoleil mourant,
L'absoleil absent...


lundi 1 août 2016

Saigneur d'yeux

Saigneur d'yeux

Un autre jour se meurt en noyant son soleil,
Dans l'horizon tremblant d'océans rougissants.
La nuit éclaire le monde, et le noir nous éveille,
Des créatures étranges nous aiment aveuglément.

Voyagez prudemment dans ce royaume sombre,
Car ses rues sont pavées d'êtres agonisants,
Et des mains de voleurs sortent de ses murs d'ombre,
Puisant entre vos côtes la chaleur des vivants.

Sentez leur accolade, l'amour vertigineux,
Vous vous saviez perdu, et ils vous ont trouvés.
Vous tombez avec eux, ouvrez enfin les yeux,
Ils sont vos saigneurs d'yeux, et déjà vous saignez.

Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces soldats bleus se meurent pour toi.
Des dieux envieux guident leurs pas,
Leurs prophètes odieux, ne me trompent pas.
Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces hommes creux, ton armée sans foi.

Sur votre dos nus glisse le doux velours du soir,
D'une nuit exaltée où enfin vous naissez.
Vous ne voyez que lui, il n'y que lui à voir,
Vous appelez "amour" ces nuits emprisonnées.

Vos vertèbres rougissent, sous le jus exutoire,
Parfum crépusculaire qu'il vous fait transpirer.
Vous mourrez déjà, ivre, et il vous donne à boire,
La liqueur absolue de l'éden distillé.

Que les nuits étaient douces, il suffisait de croire,
Un contrat à signer, et pour l'éternité ...
Mais cet amour aveugle meurt avec votre espoir,
Et votre saigneur d'yeux déjà vous a trompé.


Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces soldats bleus se meurent pour toi.
Des dieux envieux guident leurs pas,
Leurs prophètes odieux, ne me trompent pas.
Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces hommes creux, ton armée sans foi.

Vous étiez à genoux mais déjà vous marchez,
Les odes amoureuses rampent sous les tambour,
Et marchent prés de vous tant d'autres yeux crevés,
La légion d'étrangers qui s'enfuit loin du jour.

A pas lourds, à pas lents, ou à pas de géants,
L'armée à reculons marche vers l'horizon.
Vers une ligne noire, vers un point rouge sang,
Une balle tirée sur la vie sans raison.

Pourtant nous courons tous vers une même nuit,
Ses rêves, ses cauchemars nous attendent déjà.
Mais la vie en plein jour sous le temps fou s'enfuit,
La lumière s'éteint, les saigneurs d'yeux sont là.


Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces soldats bleus se meurent pour toi.
Des dieux envieux guident leurs pas,
Leurs prophètes odieux, ne me trompent pas.
Oh saigneur d'yeux, au regard froid,
Oh saigneur d'yeux, regarde moi !
Tous ces hommes creux, ton armée sans foi.

dimanche 15 mai 2016

Cœurs de pierre

  Cœurs de pierre



I.
Le printemps souffle fort dans ces cheveux légers,
Le temps peut bien souffler, ils n'ont jamais bougé.
Cette cascade d'or, aux ondes virginales,
Ne frémit qu'aux rayons du soleil matinal.

Alors le marbre luit sur ses épaules nues,
Le baiser d'un amant enfin lui vient des nues,
Mais aucun prétendant ne pourra l'éveiller,
Et la vierge de pierre dort depuis des années.

Les yeux fixant le ciel et la cime des arbres,
Admirant chaque année le printemps qui se cabre,
Elle sent dans les arbres cette sève monter,
Mais la vierge de pierre meurt depuis des années. 
 

II.
Le printemps fait rougir ces visages ronds et pleins,
Et l'air veut se remplir de rires enfantins.
La nature, les oiseaux, tous ont perdu la tête,
Les invités de Mai, toujours la même fête.

A ces folles idées qui fleurissent en nous,
Nous repensons toujours et rougissent nos joues,
Le temps nous libertine et parfume le ciel,
Mais ces enfants qui jouent dorment depuis des siècles.

Voyez pourtant les fleurs qui poussent en leurs pensées,
Chaque année refleurissent sans jamais fatiguer,
Les fleurs de nos mémoires, toujours superficielles,
Car ces enfants qui jouent sont morts depuis des siècles.


III.
La lumière qui pleut entre nuages et fleurs,
Arrose le matin de torrents de couleurs.
Sur les tristes visages endeuillés par l'hiver,
Les larmes du printemps s'écoulent à l'envers.

Pour qui nait sans visage, et qui n'a pas de nom,
Le printemps peut pleurer des couleurs en mousson.
Couvrant son non-visage, voilée de noir velours,
La femme née sans nom pleure depuis toujours .

Dormant les yeux ouverts sous sa cape de pierre,
Des yeux de vide lourd comme longues prières,
Encore mille printemps, étranglée par l'amour,
La femme née sans nom se meurt depuis toujours.


IV.
Alors que la nature en volutes de vert,
S'enroule sensuelle aux cous d'amants offerts,
Il reste solitaire, debout au pré fleuri,
De s'être trop offert, il doit payer le prix.

Alors que l'armature en volutes de fer,
S'élève sentinelle, au nom des jours soufferts,
Il fleurit solitaire dans son jardin reclus,
Rêvant à ce qu'il n'a jamais vraiment vécu.

Les oiseaux exilés retombent en poussière
Esprit emprisonné sous des ailes de pierre,
Il fleurit en hiver, très loin de notre vue,
Et se souvient qu'il n'a jamais vraiment vécu. 


 

dimanche 8 mai 2016

Sans passé

Sans passé



Les pages qui se tournent et s'envolent au vent,
Des tempêtes de noms qui peuplent les pensées,
Font pleuvoir en son âme, des visions érodées
Tombées du livre mort qu'il écrit en vivant.

Des écritures étranges noircissent sa mémoire,
Des encres oubliées colorent ses souvenirs.
Combien de mains, de bouches, écrivirent l'histoire,
De cet homme dont le nom s'envole en un soupir.

Un nom trop répété, blessé par trop d'accents
Trop de chapitres clos sans être rédigés,
Livre tentaculaire à cours de papier blanc,
Il aurait tant aimé vivre sans son passé...

La fausse liberté de vivre sans passé,
Oublier d'où l'on vient et pouvoir s'en passer.
Le soleil n'a jamais lavé le sang passé,
Les années étrangères que je sens passer,
Seront les lendemains de l'homme aux cent passés

Il entre à pas lents dans la salle des ventes,
Les bras chargés de noms, de sourires et de larmes,
Qui tomberont à terre comme l'on rend les armes,
Qui armeront bientôt une autre main tremblante.

Les histoires trop lourdes qui plombent le passé,
Sont le prix à payer pour les garçons légers,
La conquête seyait aux courtisans pourtant...
Aux hommes de la rue, les nobles sentiments.

Alors que disparaissent les années d'amour lâche,
Aux mains déjà souillées de quelque vieux rapace,
Qui le voudrait scalpé, qui se prétend apache,
Mais ne peut se payer tout le prix de sa race.


La fausse liberté de vivre sans passé,
Oublier d'où l'on vient et pouvoir s'en passer.
Le soleil n'a jamais lavé le sang passé,
Les années étrangères que je sens passer,
Seront les lendemains de l'homme aux cent passés

Il sort à reculons de la salle des ventes,
Leur aura tout donné, et ils auront tout pris,
Et de tous ses cadavres, naissant de tant de vies,
Ils se font des fantômes, des amours qui les hantent.

Mais on a beau marcher, regarder en arrière,
L'aiguille tourne encore, toujours dans le même sens,
Qu'importent les remords, vers la tombe l'on danse,
La valse des faux-pas nous éloigne d'hier.

Alors sur quelle pierre saurons nous graver,
Sinon sur le granit qui nous recouvrera,
Les mots de notre vie, si mal orthographiés
Amuseront un monde qui nous oubliera.

La fausse liberté de vivre sans passé,
Oublier d'où l'on vient et pouvoir s'en passer.
Le soleil n'a jamais lavé le sang passé,
Les années étrangères que je sens passer,
Seront les lendemains de l'homme aux cent passés

samedi 5 mars 2016

Finis Terra




Gris,
Infini,
La terre s'enfuit,
L'horizon est un labyrinthe,
Un désert de nuages où le soleil se perd,
La terre diluée, aquarelle, coule dans tes yeux,
Perdu entre ciel humide et mer de sable,
Tu parcours un temps indéfini,
Après la nuit,
Sans un bruit,
Vis.


  

Vent,
Il ment.
Dans l'océan,
La gravité se pend,
La roche noire mélange les éléments blancs,
Les profondeurs s'échappent, les abysses s'envolent,
L'océan s'évaporent, le miroir se fend,
Tu regardes le vent,
Les éléments,
Absents,
Grands.


 

Prisionner,
Toujours trompé,
Echappe à la gravité
Ecoute les mensonges de la liberté,
Le ciel t'appelle, chant de sirènes, de naufragés,
Et tu survis, entre bêton et porcelaine,
La mer te tend les bras,
Le ciel t'étouffe,
Opressant,
Lent.



Là,
Tu vois,
Devant toi,
Il existe un chemin,
Inconnu, plus sûr que le destin,
Il n'y a pas d'autre choix, mais tu n'es sûr de rien,
Enfant du gris, découvre le mystère,
Flotte sur la mer claire,
La lumière,
L'éther,
L'air.




Loin,
Très loin,
Près de rien,
Tout au bout du chemin,
Quand notre terre touche à sa fin,
Où l'océan s'écoule et le soleil s'éteint,
L'or et le sang ne font plus qu'un,
Sang rouge des marins,
Précieux destin.
Au matin,
Enfin,
Rien.

















dimanche 21 février 2016

Le sang d'un poète

 
Perdu au bout du monde, ou perdu dans sa tète,
Aimant à l'infini les foules qui le rejettent,
Il est dans la folie comme on est à la fête,
Les rimes qu'il écrit sont le sang d'un poète.

Et quand des yeux amants sur son coeur se projettent,
Répétant après lui tous les chants qu'il répète,
Quand leurs lignes de vie s'écrivent et se promettent,
L'encre qui les unit est le sang d'un poète.



Le lourd liquide dans mes veines,
Est la liqueur des derniers soirs,
Où pour noyer mes tendres peines,
Je n'eus plus que mon sang à boire...

A quoi bon peupler l'univers,
Lorsque les foules rient de moi,
Quand je vois le monde à l'envers,
Des solitudes je suis roi.



 
De cet empire familier,
Le souverain est prisonnier.
Il livre en langue inconnue,
Les vérités de son coeur nu.

Et torturé par ses visions,
Ses rimes gardent sa prison,
Et dans ce monde d'incompris,
Il nourrit sa propre folie.






  

Venez plus près, tendez la main,
Que savez vous de mon destin?
Vous n'entendez jamais mes mots,
Mais entendez soigner mes maux?

Je voulais mourir seul et fou,
Pourquoi danserais-je avec vous?
Si vous colonisez mon ile,
S'il vous plait laissez-moi tranquille!



Vous résistez a mon chantage,
Prétendez parler mon langage,
Dites-moi, suis-je mort enfin?
Ai-je trouvé mon ange gardien?

Dans le désert ou nous vivons,
Se peut-il que nous trouvions,
Au gré des vers que nous saignons,
Quelqu'un qui saigne à l'unisson?



Connais-tu ce soleil nouveau?
Cette lumière qui me rend beau?
Cette caresse, ce soleil bleu,
Est la lumière de tes yeux!

Je te dessine, je te crée,
Mes reves tracent ton portait,
Sous ton regard mon corps renait,
Car tu me vois comme Dieu m'a fait. 

Perdu au bout du monde, ou perdu dans sa tète,
Aimant à l'infini les foules qui le rejettent,
Il est dans la folie comme on est à la fête,
Les rimes qu'il écrit sont le sang d'un poète.

Et quand des yeux amants sur son coeur se projettent,
Répétant après lui tous les chants qu'il répète,
Quand leurs lignes de vie s'écrivent et se promettent,
L'encre qui les unit est le sang d'un poète.