La porte des mondes
La
lumière au bout du couloir,
Un feu
tremblant,
S'éteint
avant que vienne le soir,
Crime du
vent.
Peureux
tu fais semblant de croire,
Aux
morts vivants,
Mais tu
habites au purgatoire,
Où
meurt le temps.
On vit
au bord d'une falaise,
Dort sur
un pont,
Quand
sous nos pas glisse la glaise,
L'escalier
fond,
Et le
vent veut que l'on se taise,
Vole nos
noms,
Seule
l'amnésie nous apaise,
Rien
n'est trop long.
Une
porte devant, une porte derrière,
Ouvre
à chaque moment, et referme les mondes.
Respire
l'inconnu, amant des courants d'air,
Le
vide permanent, le temps qui nous inonde.
Jusqu'à
la mort tu redécouvres,
Les
jeux de la porte des mondes,
Déjà
se ferme, ce qui s'ouvre,
Et
creuse des tombes profondes.
Et
ce qui naît déjà se meurt,
Et
ce qui gèle déjà fond,
Se
ferme la porte des heures,
Tombe
le plomb du temps profond.
Tu
rencontres chaque seconde,
La
dévisage,
Un
portrait de toi qui te sonde,
Puis
fait naufrage,
Et le
passé se noie dans l'onde,
Tu
prends de l'âge,
L'horloge
tue ce qu'elle féconde,
Maîtresse
sage.
Ici le
temps souffle en tempête,
Tout
s'évapore,
Les
portes claquent dans ta tête,
Et sur
ton corps,
Les
baisers, les instants de fête,
Sont
déjà morts.
Il
faudra bien que tout s'arrête,
Mais pas
encore...
Tu
refermes la porte, l'oubli jette la clé,
Tu
veux te souvenir, le passé se suicide,
Regarde
devant toi, le futur verrouillé,
Une
prison percée de portes translucides.
Jusqu'à
la mort tu redécouvres,
Les
jeux de la porte des mondes,
Déjà
se ferme, ce qui s'ouvre,
Et
creuse des tombes profondes.
Et
ce qui naît déjà se meurt,
Et
ce qui gèle déjà fond,
Se
ferme la porte des heures,
Tombe
le plomb du temps profond.
La clé
en main, les yeux fermés,
Dans ta
raison,
Tu
peinds en noir le ciel bleuté,
De
l'horizon.
Tu
reconstruis les murs cassés
De ta
prison,
En
espérant que les années
T'épargneront.
Mais la
vie entre sans frapper,
Elle
s'invite,
Le doux
présent vient t'enlacer,
Et puis
te quitte,
Comme
ces amours passionnées,
Qui
meurent trop vite,
Le
bonheur saura t'oublier,
Si tu
l'évites.
Le
temps est animal bohème, il se fait élastique,
Tu
le fuis, il revient, cœur blessé, bras ouverts,
Tu
crois l'emprisonner, il se fait monastique,
Et
périt dans tes bras, qui l'avaient privé d'air.
Jusqu'à
la mort tu redécouvres,
Les
jeux de la porte des mondes,
Déjà
se ferme, ce qui s'ouvre,
Et
creuse des tombes profondes.
Et
ce qui naît déjà se meurt,
Et
ce qui gèle déjà fond,
Se
ferme la porte des heures,
Tombe
le plomb du temps profond.