L'Anarcisse
Ils se
sont rencontrés tout au bord d'un ruisseau,
Quand
l'onde s'est calmée, ils se sont révélés,
Ils se
sont reconnus, jaloux comme deux jumeaux,
Portrait
sauvé des eaux, ennemi destiné.
Sous le
premier regard déformé par les rires,
Coulait
le noir venin des rancœurs oubliées,
Les
vérités trop pures des miroirs sont les pires,
Et
marquent à jamais les reflets torturés.
Les
lacs, les rivières, tant de miroirs brisés,
De coups
de poings rageurs, et d'années de malheur,
Mais
chaque fois renaît, sur l'eau cicatrisée,
Le
visage étranger de ce reflet moqueur.
Soufflant
sur l'eau qui dort, et qu'il faut réveiller,
De
ce long cauchemar au visage trop lisse,
Une
pierre jetée, au miroir lapidé,
Balafre
et guérit, pour un temps l'Anarcisse.
La
pluie couvre de rides son visage triste,
Un
sourire fleurit entre les cicatrices,
La
surface du lac, un miroir anarchiste,
Adopte
l'orphelin reflet de l'Anarcisse.
Marchant
les yeux fermés dans les rues de la ville,
L'Anarcisse
s'oublie dans son obscurité.
Les
paupières épaisses, et marchant sur un fil,
Il vit
dans un silence d'invisibilité.
Derrière
deux murs d'ombre, le monde crie son nom,
Sa nuit
n'est pas étanche aux peintures fictives,
Son
portrait refleurit quand l'oubli devient long,
Au plus
profond de lui, le monde l'invective.
Il vit
sans son reflet, amoureux de son ombre,
Et les
miroirs déjà tapissent ses paupières.
Fuyant
le face à face, il multiplie le nombre,
Des
ennemis blessés, qui le lient à hier.
Soufflant
sur l'eau qui dort, et qu'il faut réveiller,
De
ce long cauchemar au visage trop lisse,
Une
pierre jetée, au miroir lapidé,
Balafre
et guérit, pour un temps l'Anarcisse.
La
pluie couvre de rides son visage triste,
Un
sourire fleurit entre les cicatrices,
La
surface du lac, un miroir anarchiste,
Adopte
l'orphelin reflet de l'Anarcisse.
Un jour
le rêve meurt et la nuit doit finir.
La vie
le transperce de son glaive de verre,
Et quand
tombe l'épée, la honte doit mourir,
Car un
miroir fleurit devant ses yeux ouverts.
A-t-il
vécu longtemps dans ses marais obscurs ?
Le
reflet ce matin n'a rien de familier.
Ses
lèvres virginales lui chantent des mots purs,
C'est un
visage doux, et qu'il veut caresser.
« Laisse-moi
devant toi, devenir ton miroir,
Mes yeux
ne te voient pas, mais mon amour te peint.
Aime-toi
dans mes yeux, crois mes mots pour te voir,
Dans mes
yeux mon amour, Narcisse tu deviens. »
Soufflant
sur l'eau qui dort, et qu'il faut réveiller,
De
ce long cauchemar au visage trop lisse,
Une
pierre jetée, au miroir lapidé,
Balafre
et guérit, pour un temps l'Anarcisse.
La
pluie couvre de rides son visage triste,
Un
sourire fleurit entre les cicatrices,
La
surface du lac, un miroir anarchiste,
Adopte
l'orphelin reflet de l'Anarcisse.