Tourner la plage.
Tu
marches en longeant la mer,
Tournant
le dos au temps qui passe ;
Sur
cette ligne éphémère,
Regarde
les pas qui s'effacent :
Ne vois
tu pas les métaphores,
Abandonnées
par chaque vague ?
Cherchons
en vain un sémaphore,
Une
boussole, une bague...
Tu vis
dans un grand sablier,
Un
soleil sec, ta poudre d'or,
Verse un
désert assoiffé,
Qui ne
fleurit que quand tu dors.
Les mots
courent, insouciants,
Tu les
saisis, ils se font vagues,
Les
phrases dansent dans le vent,
Et puis
se meurent dans les vagues.
Blanche
la plage au matin vierge,
Blanche
la page qui t'héberge,
Blanche
la vague qui s'enfuit,
Blanche
l'encre de notre vie.
On écrit
les mots sagement,
Pour une
empreinte, une trace,
Revenir
éternellement,
Vers
hier à la même place.
Et puis
la vague ou le vent,
Ou un
amour ou un oubli,
Recouvrent
de l'inconnu blanc
Chaque
page que tu écris.
Tu
craignais de fermer les yeux,
Et puis
la nuit tournait la page,
Tu te
réveilles un jour plus vieux,
Et
marches sur une autre plage.
Tu
crains les matins embrumés,
Implores
les rêves perdus,
Mais
vois les mots se dessiner,
Sur
cette longue plage nue.
Blanche
la plage au matin vierge,
Blanche
la page qui t'héberge,
Blanche
la vague qui s'enfuit,
Blanche
l'encre de notre vie.
Tu es un
oiseau déguisé,
Perdu
dans ta prison de peau,
Mais les
embruns, les vents salés,
En
feront rouiller les barreaux.
Chaque
jours plus fins et fragiles,
Et puis
un jour le corps s'effondre,
L'oiseau
s'échappe, mal agile,
Regarde
les ténèbres fondre.
Sur
cette page désertée,
L'infinie
possibilité,
Avec les
oiseaux, les marées,
Joue
dans l'écume des années !
Et les
rêves insaisissables,
Tant de
promesses sur le sable...
Des
visages reconnaissables,
Écrivent
la fin de la fable.
Blanche
la plage au matin vierge,
Blanche
la page qui t'héberge,
Blanche
la vague qui s'enfuit,
Blanche
l'encre de notre vie.