Désert familier
Loin des
foules du gris, l'exotisme total,
Les
parfums du métro exilés hors de lui,
Il
chasse loin d'ici des souvenirs enfouis,
Par des
dunes d'ennui, par trop de corps glacials.
Être là
maintenant, et sans terre natale,
Entre
lui et hier, coulent trop de frontières,
Aiguille
à la main, mémoire couturière,
Raccommodant
les blancs de ses oublis fatals.
Monter
la dune grain par grain,
Recoudre
le temps point par point,
Et dans
ce désert familier,
Apprivoiser
un étranger.
Respirer
l'or dans l'air de rien,
Sentir
dans le temps le parfum,
Du large
des airs familiers,
Revoir
l'animal oublié.
L'esprit
brode un mur, entre lui et l'oubli,
L'homme
toujours construit au bord d'une falaise.
Attendant
que le temps et l'inconscient se taisent,
Les
odeurs du désert lui parlent sans un bruit.
Somnambules
amers, rêvant sous somnifères,
Oubliant
le désert où nos êtres fleurissent,
Enterrons
le passé avant qu'il ne tiédisse,
Laissons
derrière nous des enfants solitaires.
Dans le
silence du trépas,
Remonter
le temps pas à pas,
Et dans
ce désert familier,
Apprivoiser
cet étranger.
Quand
l'air de rien souffle tout bas,
Les
parfums fauves dorment là,
Du néant
des airs familiers,
Redonnent
vie aux effacés.
Le monde
dépeuplé des animaux sauvages,
Nous
habille de peau, de fourrure, de cuir,
Mais
c'est de sa nature que l'homme veut s'enduire,
Et sans
cacher son sang sous des années trop sages.
Ces
fumées vivantes, de tabac, de safran,
Peignent
sous nos paupières des maisons perdues,
Changent
l'invisible, vulnérable et nu,
L'animal
ennemi en prince innocent.
Homme
perdu sur sa planète
L'odeur
du temps nourrit la bête,
Nu dans
son désert familier,
Il
s'habille de son passé.
Quand le
réverbère s'éteint,
Faune
nocturne il devient,
Et
soufflant des airs familiers,
Redonne
vie aux corps glacés.