L'effeuille morte.
A
l'automne du jour, au moment où s'étale,
L'ocre
d'un ciel mourant dilué dans la Seine,
Une
fille fleurie vient perdre ses pétales,
Ses
talons aiguilles poignardent une scène.
Prophétesse
d'une heure, marchant sur les os,
De
spectateurs mourants au pied du piédestal,
Pêcheurs
tombés si bas quand elle perdit le haut,
La
dentelle s'écoule et les hommes s'étalent.
Les
applaudissements caressent sa peau nue,
Et les
sifflets serpentent, se nouant à son cou,
Ce soir
elle confesse des foules convaincues,
Qui
ignorent encore qu'elle rendra coup pour coup.
L'automne
au jardin d'éden est terminé,
Sur
la Seine qui coule flottent les feuilles mortes,
Sur
la scène qui flotte coule l'effeuille morte.
Les
filles nues,
Cueillent
les pommes,
Cueillent
les hommes.
Loin
des serpents de soie par le diable tressés,
Sur
la Seine qui coule flottent les feuilles mortes,
Sur
la scène qui flotte coule l'effeuille morte.
Femme
nue dans des flots de satin magenta,
Opaline,
nacrée, froide comme son sang,
Après
l'ébat des bas de soie au bas de soi,
Un
corset trop serré étrangle son amant.
Les
saisons et les nuits passent et se ressemblent,
Après
l'effeuillage, les hivers solitaires...
Des
arbres nus dans la nuit noire, se rassemblent,
Les
corps se recouvrent de givre, dur comme fer.
Au matin
bleu pourtant, la solitude fuit,
Les
amants amnésiques se remplissent de sève.
C'est
encore le printemps, qui jamais ne tarit,
L'effeuilleuse fleurit, chassant la nouvelle Eve.
L'automne
au jardin d'éden est terminé,
Sur
la Seine qui coule flottent les feuilles mortes,
Sur
la scène qui flotte coule l'effeuille morte.
Les
filles nues,
Cueillent
les pommes,
Cueillent
les hommes.
Loin
des serpents de soie par le diable tressés,
Sur
la Seine qui coule flottent les feuilles mortes,
Sur
la scène qui flotte coule l'effeuille morte.
Au
soir qui naît, au jour qui meurt,
Les
feuilles prennent des couleurs,
Un
moment que le vent emporte,
Ne
restent que les feuilles mortes.
Femme
qui naît, Eve qui meurt,
Les
filles prennent des couleurs,
Un
moment que l'amant emporte,
Ne
reste que l'effeuille morte.
Corset
serré près de son cœur,
Corps
s'est serré près de son corps,
Dentelle
fleurie au pied du lit,
Dante,
elle fane au pied du lit.
L'automne
au jardin d'éden est terminé,
Sur
la Seine qui coule flottent les feuilles mortes,
Sur
la scène qui flotte coule l'effeuille morte.
Les
filles nues,
Cueillent
les pommes,
Cueillent
les hommes.