Un sang d'hier
Je
sais un assassin qui traverse les temps,
Qui
file sous nos yeux et jamais n'est puni,
Maître
des illusions aux portraits désunis,
Et commet sans répit, jamais masqué pourtant.
Il
sait mille drogues et autant de parfums,
Portant
légères robes et verbes distillant,
Un
peintre fabuleux, un poison toujours lent,
Qui
sait par vos amours arriver à ses fins.
Quand
se posent ses mains, sur votre front perlé,
Un
froid incendiaire,
Le
bel anesthésiste sur vous s'est penché,
Transfuse
un sang d'hier,
Ses
mirages tranchants, ses lames argentées,
Son
œil incendiaire,
Les
chimères mordent des plaies réinventées,
Coule
un sang d'hier.
Qu'il
était doux pourtant ce velours étoilé,
Et
la chair s'attendrit infusée de liqueurs,
Délires
distillés, fusées ou crève-cœur,
La Nuit évidemment, cet assassin voilé !
Placide
araignée aux crimes effacés,
Tissant
de noir soyeux le linceul de nos jours,
Riant
en soir joyeux, étranglant nos toujours,
Recycle
en songes de vieux jouets cassés.
Quand
s'éloignent ses mains, de vos draps transpirés,
Un
froid incendiaire,
La
belle lavandière sur vous s'est penchée,
Laver
un sang d'hier,
Ses
visages tremblants, ses larmes argentées,
Son
œil incendiaire,
Ses
aiguilles traversent la soie de nos années,
Sèchent
un sang d'hier.
La
nuit a tout lavé, n'a pas laissé de trace,
Restes
désinfectés, empreintes disparues,
Tout
juste son parfum qui planait dans la rue,
Comme
le font souvent les oiseaux de sa race.
Les
jours meurent un à un, l'hécatombe fleurit,
Le
monde s'indiffère, enivré par l'oubli,
Et
sous son gant de fer, ma mémoire faiblit,
Mais
serre le portrait d'un homme qui sourit.