Six pieds sur terre
Les
yeux bandés au bord du temps,
Ivre
de mer je somnambule,
Ma
peau écorchée par le vent
Saigne
des rêves, saigne des bulles.
Prendre
l'histoire à l'envers,
Vieillir
jusqu'à son origine,
Comme
la buée sur le verre,
N'est
jamais ce qu'on imagine.
Debout
au bord de la falaise, le bout des ongles dans le vide,
Vivre
cet infini malaise d'être la proie d'un cœur avide.
Et
faire naître à chaque pas sous son corps un chemin d'éther,
Et
respirer loin du trépas, enseveli six pieds sur terre.
Toujours
faire rouler le monde,
Sous
les pieds nus et affamés,
Et
avaler chaque seconde,
Sans
jamais le destin blâmer.
L'univers
revient à sa place,
Quel
est ce hasard insistant,
Cette
prophétie qui nous glace,
Et
fait plier tous les titans ?
Debout
au bord de la falaise, le bout des ongles dans le vide,
Vivre
cet infini malaise d'être la proie d'un cœur avide.
Et
faire naître à chaque pas sous son corps un chemin d'éther,
Et
respirer loin du trépas, enseveli six pieds sur terre.
L'inconnu
que j'ai embrassé
En
tombant vers mes lendemains,
Attendait
les années passées
Que
ma vie croise son chemin.
Prisonnier
de mon atmosphère,
Repoussé
par la froide terre,
Écrasé
sous des tonnes d'air,
Pourtant
plus rien ne m'indiffère.
Debout
au bord de la falaise, le bout des ongles dans le vide,
Vivre
cet infini malaise d'être la proie d'un cœur avide.
Et
faire naître à chaque pas sous son corps un chemin d'éther,
Et
respirer loin du trépas, enseveli six pieds sur terre.
Dans
cet espace ridicule,
J'écrase
sous mes pieds les astres,
J'avance,
l'horizon recule,
S'évanouissent
les désastres.
Et
ce voyageur inconnu
Sillonne
l'onde sans relâche,
Et
cicatrisent ses pieds nus,
Jusqu'à
l'instant où son cœur lâche.