mercredi 30 octobre 2019

Orphée sur mon épaule

Orphée sur mon épaule


C'est un de ces faux choix, de ces modes de vie,
Un de ces excentriques, adorant ses blessures.
Un autre chromosome, un caprice, une envie,
Un faux blessé que les cicatrices rassurent.

Une coquetterie, rien qu'une inclination,
Un très léger penchant, une belle nature,
Elle n'a pas de drapeau, orpheline nation,
Ni de terre promise : la poésie torture.

Orphée sur mon épaule, je t'entends chanter,
Mélodies élixirs, philtres de folie pure,
Orphée d'encre et de sang, je te vois enchanté,
Sur ton sourire coulent mes fièvres impures.
Orphée de vie, de mort, ne te retourne pas,
Est-ce toujours le Styx qui coule dans mes veines ?
Orphée qui accompagne chacun de mes pas,
Pour ta gorge tranchée, la pendaison est vaine.

C'est une encre amère, séchant à même le cœur,
Tapissant mes parois de cet ocre friable,
Rouille de carapace, que vous nommez rancœur,
Mais seul rempart connu au mal être fiable.

Un cadeau de naissance, un baptême du feu,
Ce kaléidoscope enfoncé dans mon œil,
Qui plonge les matins dans des âtres suiffeux,
Organise des fêtes et invite le deuil.

Orphée sur mon épaule, je t'entends chanter,
Mélodies élixirs, philtres de folie pure,
Orphée d'encre et de sang, je te vois enchanté,
Sur ton sourire coulent mes fièvres impures.
Orphée de vie, de mort, ne te retourne pas,
Est-ce toujours le Styx qui coule dans mes veines ?
Orphée qui accompagne chacun de mes pas,
Pour ta gorge tranchée, la pendaison est vaine.

Il fallut tatouer ce profil sur ma peau,
Tenter d'exorciser ces voix que tu murmures,
Mais Orphée le blessé meurt de trop de repos,
L'encre de ton visage traverse les murs.

Illusoire prison où je t'ai enfermé,
Cette réalité qui t'a rendu visible,
Griffures anodines que j'ai refermées,
Barreaux de sable fin, ridicules fusibles.

lundi 28 octobre 2019

L'omni-absent

L'omni-absent


La beauté des saisons, quelques cris enfantins,
Nature frénétique supposée contagieuse,
S'écrasent sur un masque, ma peau de pantin,
Rêvant troubler en vain ma torpeur religieuse.

Rayons de soleil froid entre branches mourantes,
Percent la nuit de fer des amants esseulés,
Quelque fleur d'automne, des splendeurs courantes,
Agressent l’œil opaque de leurs couleurs feulées.

J'avais pourtant fermé la porte,
J'avais dit vouloir être seul,
Demandé que la nuit m'emporte,
Que ton absence soit linceul.
J'avais pourtant construit des murs,
Pour ne plus voir toutes les joies,
Qui crient que tu ne me murmures,
Et étouffer ce feu grégeois.

Les sourires d'amis, et toutes ces grimaces,
Les dîners maquillés, les foules où tu n'es pas,
Lieux communs pullulant, les inepties s'amassent,
Une veine s'arrache à chacun de tes pas.

Les discours qu'on me tient ne scandent que ton nom,
Je haïs ces échos qui bourdonnent en moi,
Psalmodient ces amours, mais le destin dit « non »...
Survivre une seconde encore à mes émois.

J'avais bien éteint la lumière,
J'avais dit vouloir le silence,
Prié que ce soit la dernière,
Cette nuit contre ton absence.
J'avais pourtant construit des tombes,
Pour faire le deuil de ces lits vides,
Où je chute, où j'hécatombe,
Lorsque renaît le jour livide.

Vous connaissez ce garçon, cette fille aux yeux blancs,
Ils traversent le long désert de leurs absences,
C'est leur adresse, leur profession, ce poison lent,
L'amour  omni-absent qui hante tous leurs sens.

Des sourires rupestres ornent la grotte sombre,
Les vestiges figés d'un bonheur bien appris,
Comme le cœur blessé on fait danser une ombre,
Sans l'âme dénudée que l'absent nous a pris.

dimanche 20 octobre 2019

L'âme en nuit

L'âme en nuit


L'océan délirant d'un azur saturé,
Entre typhons fiévreux et mirages d'écume,
Baigne la nuit durant nos songes torturés,
Souvenirs naufragés auxquels nous survécûmes.

Mémoire tiraillée par les froides sirènes,
Miroirs déformés par les vagues du temps,
La rouille de l'oubli rougit notre carène,
L'abysse ensorcelle l'esprit intermittent.

Divague l'âme en nuit,
Ce rêve là m'ennuie,
Évadé, l'amant nuit,
En quête, l'âme enfuie,
Rêve de lame enfouie,
Trop aimé l'amant fuit.

Explorons les replis, les secrets du temps noir,
Ces déserts explicites qui ont l'air du hasard,
Jardins de velours sombre où fleurissent au soir,
Des roses anémiées au parfum de blizzard.

Nous y marchons confiants, arrogants obsédés
Les yeux abasourdis, paupières bariolées,
Dormant à poings liés par la nuit possédés,
Nos rêves enivrés par la raison violée.

Divague l'âme en nuit,
Ce rêve là m'ennuie,
Évadé, l'amant nuit,
En quête, l'âme enfuie,
Rêve de lame enfouie,
Trop aimé l'amant fuit.

Les poisons hypnotiques de notre propre corps,
Financent hologrammes, chimères et promesses,
Délires bon marchés et friables décors,
D'amours ressuscitées le temps d'orgiaques messes.

Les visages fondants de nos métamorphoses
Contemplent en riant l'infini crépuscule,
Des plaisirs poussiéreux, de nos grises osmoses,
De nos guerres passées, nos spectres ridicules.