L’absent gracieux se perd dans le flou d’un visage,
Clouée à cette table, son âme s’évapore
Elle s’éclipse un instant, volage et sans sillage,
Pour retrouver son ombre, qui rêve sur le port.
Les convives conspuent ce rêveur odieux
Sa chaise porte l’ennui, soutient un corps vidé.
Tous les soupirs moqueurs, mistrals exaspérés,
Soufflent sur l’invité, le poussant vers les cieux.
Mais ce vil déserteur est le moindre couard,
Et ses croisades effraient les plus fous chevaliers.
Car prisonnier d’un monde où l’on tue le hasard,
Cet exquis ingénu cultive l’épopée.
Je l’ai vu réussir des travaux insensés,
Prodiges ineffables à vous trancher la foi,
Assis sur son ennui, il laisse tiédir son thé,
Et sirote un projet qui dépasse toute loi.
Je l’ai vu sur le port, attendre les bateaux, attraper en bouquets les cris des mouettes et les chants des marins, pour montrer
Je l’ai vu au bout du monde, brisant les tempêtes à coup de pinceau, pour cueillir la violence de la beauté brute.
Je l’ai vu faire couler, sur une toile blanche, le sang des marins dont Ouessant se nourrit, comme ceux qui ne savent pas font couler le sable sur leurs cartes postales.
Je l’ai vu noyer le soleil dans des lacs incandescents, et distiller longuement cet élixir du soir, qui apaise nos blessures de son goût de couchant.
Je l’ai vu enfermer un monde dans une bulle, et seul dans cette chambre blanche, faire exploser la bulle et repeindre l’horizon.
Je l’ai vu tracer d’une ligne, l’histoire du tango, le feu de l’Argentine et le parfum des filles, j'ai regardé la ligne se tordre sur mon corps, et je l'ai vue suer.
Je l’ai vu capturer dans mes yeux mon image, et peindre le portrait de l'homme que je serai.
Je l’ai vu traverser toutes les épreuves,
Mais pour lui n’existent
Que les épreuves d’artiste.
28 commentaires:
La main à peine sure tend du bout des doigts
Un morceau déchiré de la fin de la terre.
Est-ce lui, est-ce nous, est-ce eux ou est-ce moi ?
Ou bien la fin de tout, cette image qui erre ?
Etre déjà là-bas sans y être arrivé
Etre déjà le vent, l’embrun, et du rocher
Le sable sous le temps, mesure dépravée,
Auquel, c’était hier, nous fûmes arrachés.
Est-ce là ce qui va, sans le moindre état d’âme,
Escamoter nos pas sur tous les macadams,
Effriter nos voix et dissoudre nos orgueils ?
Ne sent-on pas la proue d’un destin insensé,
Par nos travaux suivie d’un sillage doré,
S’en allant négocier son fantômes aux écueils ?
Très beau poème ! De qui est-il ?
En voici un autre :
Lost
Lost like memories
People of now don't match any more
The image I kept of them before
They learnt how to pretend
Lost like the key that opens
The hearts and even the eyes
Lost like the morning enthusiasm
There's one more day to wait
Evenings are just full of angst
Lost like an unkept hour
Lost is the confidence
Lost are the words I gave
Lost is the feeling
Lost are the thoughts I had
Lost like a smile undone
Time goes by and never returns
Lost like what I'm after
I realize I was wrong
My will gets lost as well
I dance to the worthlessness
Lost like my illusions
The stars I'll never touch
I won't have any longer
The heart to struggle again
Lost like despair
Lost like blood
Lost like love
Lost like nothing
I now go through extremes
I meet resentment, anger
I meet up with selfishness
And I welcome indifference
I found a new flame
How to resist in silence
The child I wanted to stay
The man I perhaps will be
And the one I truly should
Ca ne rit d'aucune dent
La bouche en longitude
Ca reste un peu béant
Un peu sec ou luisant
Selon l'air selon l'eau
Qu'il fait dans la bruyère
Un légiste de drap
Donnera l'heure
Sur un plateau de fer
L'un seul disparaît
L'autre sous
Les lèvres noires
Un mot de trop
Laissé muet
Dans un vert d'eau close
S'ouvre le témoin
Trouvés dans l'inertie
Les tous premiers mangeurs
Crochets de levure
Faunes salubres
Fantassins
Du pourrissement
Soustraits aux demeurants
Qui viennent reconnaître.
Les bords recousus
Urne d'échos restants
Dans le tiroir
Trace de vent
Dedans le ventre
Et la bruyère
Une enquête est possible
Le froid fait une gangue
Un poème écrit, trois récoltés! Voici une culture rentable!
Merci à tous pous ces contributions riches et sensibles!
Lorsque je cite, je l'indique toujours. L'auteur est donc facilement identifiable. Les destinataires aussi d'ailleurs!
Comme c'est surprenant de lire cet Anonyme. Qui ne l'est pas. Je ne sais pas qui est aller chercher ça, dans quel oubli de circonstance, dans quelle boite à malices, sur quel site au moi dormant, mais s'il, ou elle, voyait mon sourire en ce moment, ça lui plairait surement.
Merci.
Les usures qui ne sont
Pas linceuls de musées
Pèlent la jeune peau
Et font le cuir
Ainsi les grondements
Ne résonnent plus
De tendre rage
Mais de colère
Et sur le même derme
Les murs des usines
Se tendent les slogans
Les coups de gueule
Ils oeuvraient aux fabriques
Leurs mille mains
N'étaient que deux
L'œuvre simple
Ils tenaient en chaînes
La part d'un courage
Qu'ils relayaient
D'age en age
Ce qui les effrayaient
Les maîtres d'industrie
Ce n'était pas la force
Mais l'humanité
D'ailleurs la force vint
De ces maîtres mauvais
De leurs comptes aussi
Vint l'inhumanité
On a changé les noms
Et changé les adresses
Et les comptes cravachent
Dans de nouvelles jungles
Il se passe des choses bouleversantes dans le monde de Swan.
De plus en plus étrange. Mais l'énigme est exaltante d'autant qu'elle est inattendue. Je ne me reconnais aucune compétence pour dire si ce qu'il y a lire dans ces lignes est ou n'est pas de la poésie. Ce que je sais c'est que j'utilise une forme, un langage, des mots, et donc aussi probablement des images, des couleurs, pour exprimer ce qui se trouve dans le secret multiple de mon être. Ce qui tente de donner son statut à cette production c'est le supplément d'ambition que j'ai de partager ce que je vois, ce que je sens et ressens, ce que je crois aussi sans doute, et c'est ce qui me permet de penser qu'un écho peut y être réservé chez certains de mes semblables. Hormis cela il m'arrive parfois lorsque je relis quelques uns de ces textes, ou juste un fragment par ci par là, ne serait-ce que pour le travail qu'il a fallu accomplir pour réunir ces écrits là plus que d'autres, de retrouver intact ce que j'ai voulu traduire : j'éprouve alors un certain plaisir à la fragile durée de cette raison qui m'est offerte.
Alors encore merci. Merci pour cette souvenance de ma si douce fêlure.
Je n'ai pas reporté ici ce paragraphe de " de plus en plus étrange" à "si douce fêlure". Je ne me copie pas. Je ne me remercie pas non plus. Pas encore. Je peux encore attendre. Anonyme peut demeurer Anonyme.
Je commence à ne plus rien comprendre à ce ballet de commentaires... Ce jeu de masques est digne bals véniciens les plus mystérieux! Et sous le masque... un autre masque!
Peutêtre Lestat pourrait nous aider à démêler cet écheveau qui galope.
Qui sait désormais qui est qui? Le plus important reste cette délectable empilement de mots aussi subtils qu'excentriques et énigmatiques!
La quête ne contient-elle pas une part essentielle du plaisir du trésor?
So stürben wir,um ungetrennt,ewig einig, ohne End',ohn' Erwachen,ohn' Erbangen,namenlos,in Lieb' umfangen,ganz uns selbst gegeben,der Liebe nur zu leben !
Richard Wagner - Tristan & Isolde
Wow...
Le serpent se serait-il mordu la queue ?
Je serais bien en mal de carder les entrelacs de vos cadavres exquis !
Ok ! Lestat ! Mais avec un pseudo pareil ... Tu comprends ... Très beau "Lost" ! Très beau !
Bon y'a quelqu'un qui profite du Blog de Thomas pour s'interesser à moi au travers d'un vague site où etc ... etc ...
Restons-en pour ce que nous répond Thomas.
Tristan (traduit ...) par la voix de Wolfgang Windgassen.
(Collage de porcelaine.)
"Nous mourrions pour vivre sans être séparés, ne faisant qu'un pour l'éternité, sans se réveiller, sans crainte, sans nom, d'un amour solidement attaché, pour vivre en se donnant, entier, pour simplement vivre l'amour."
Des lèvres calmement closes
Une couleur silencieuse
Une aile frôle les cimes
Un tranquille versement
Le sable se raréfie
De moins en moins de choses à dire
Store un peu lourd des paupières
L'air d'une blancheur toute nue
Une aile irise la surface
Un infini basculement
La peur du vide fait sourire
De moins en moins de choses à dire
Une main seule sur l'accoudoir
Dans le vent lent un rideau vole
Une aile bruisse dans un songe
Torpeur d'un ralentissement
Le manque des absents s'éteint
De moins en moins de choses à dire
La rumeur alentour s'éloigne
Ca ressemble à la fin d'un jour
Une aile touche l'horizon
Tout devient inachèvement
Trois petits points de suspension
De moins en moins de choses à dire
Tout s'apaise doucement
Ca se transforme en inconnu
Une aile part caresser l'ombre
Il y avait tant encore à faire
Mais vient le temps de l'inédit
Presque plus rien à dire
Oui, maintenant plus rien à dire
Bah je pense que quitte à voir débouler les pierres utilisées pour certains empilements, autant donner l'adresse de la carrière.
www.thywanek.net
Sous réserve de l'approbation de notre hôte. Dont la décision est souveraine.
Traduction améliorée du texte de Tristan :
Ainsi nous mourrions, pour n'être plus séparés, éternellement unis, sans fin, sans réveil, sans crainte, oubliant nos noms, embrassés dans l'amour, donnés entièrement l'un à l'autre, pour ne plus vivre que l'amour !
Il semble que la mine de rimes soit en surexploitation. Rien n'est hélas un puits sans fin, Mirliton. Dommage.
(Anonyme a pour nom Guillaume)
Ok, Guillaume ! C'est nonobstant aimable de me publier par l'intermédiaire de notre hôte.
Si tu voyais mon sourire, ça te plairaît sûrement.
(Je me répète, mais c'est vrai!)
Merci.
Quelle joie de constater cet investissement dans vos commentaires: Je suis vraiment touché par l'attention que vous porté au petit espace que j'entretiens trop peu régulièrement...
Je m'en veux de ne pouvoir intervenir plus souvent, j'ai l'impression de délaisser mes invités. Mais je vous promets de faire mieux en fin de semaine!
Mes meilleures pensées vous enveloppent!
Je na sais plus combien de suis ! Je n'avais même pas prévu de me poser un jour cette question.
Quel amusement sur ce blog... On en oublierait presque qui est l'authentique récipiendaire des messages ! Mais qu'importe puisque la quête contient une part essentielle du plaisir du trésor !
Guillaume plagie encore ?
Quel chenapan !
Oui, j'avoue, je suis un galopin, mais je suis épris de poésie !
Qui pourrait décemment me le reprocher ?
J'ai finalement consulté le site de Thy Wanek (merci, mais j'avais une autre source), désolé d'en constater la mort avancée.
Mon Cher Guillaume,
Ce dernier message en date, croit peut-être lever un mystère, et en installe un autre ...
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