Sur les cendres…
Quelques guerriers hagards marchent les yeux dissous
Sur les ruines fumantes où meurent leurs combats.
De corps inhabités s’échappent en souffles mous
Les odeurs venimeuses de souvenirs ingrats.
Les brumes du passé capturent la lumière
Et les guerriers sans but avancent dans le noir.
Avec le dernier corps tombe aussi le soir,
En un long crépuscule agonise la guerre.
Le corps en rédemption, tremblant de quelque fièvre,
Semble avoir absorbé le chaos des batailles.
De folles rébellions grondent dans les entailles
Qui parcourent les peaux de ces soldats en trève.
Ils marchent sans raison comme ces canards sans tête,
Dans une obstination machinale et abstraite.
La paix sans préavis s’est saisie sans pitié
Des obscures promesses à la guerre chantées.
Les cendres doucement se déposent au sol.
Au cœur des cuirasses tiédit la fièvre folle.
Alors reprend en eux le tambour infernal,
La danse des guerriers, la triste bacchanale.
Sur un rêve achevé s’ouvrent quelques paupières,
L’aube s’est libérée de son drap de poussière.
L’horizon devant eux s’érode sous le vent,
Le futur s’évapore sous le soleil ardent.
Les ruines les plus laides se cachent au fond d’eux
Les vrais champs de bataille sont leurs cœurs balafrés.
Sur les landes blessées, suintant un sang haineux,
Le jour nouveau apporte des aubes délavées.
1 commentaire:
C'est très beau. Je ne sais que dire de plus tellement c'est beau.
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