Délit d’existence
Des nuits entières je cours après ton illusion,
Et contre mon visage torturé de bonheur
Claquent de lourdes portes aux verrous de raison.
Pourtant ces nuits sans toi où ton idée s’esquisse
Glissent sur mon corps chaud en d’indécents délices
Et laissent au creux de moi des parfums envoûtants.
Lorsque le ruban froid des lueurs bleues de l’aube
S’enroule autour de moi et étrangle mon corps,
Tu es lâche, tu fuis, soudain tu fais le mort,
Et moi idiot j’étreins la nuit qui se dérobe.
Alors la terre frappe mes pieds, je me redresse.
Je erre dans les rues d’un monde qui se dilue.
Un monde qui ignore tout du bruit de ma détresse
Le jour achève les couleurs chaudes de ma nuit rêvée,
Et mon songe suinte le long de façades insipides.
Alors empli du noir de ton absence, je prends le deuil.
Lentement je me résigne, mon réveil t’euthanasie.
Ton souvenir frappe encore contre les parois de mon crâne,
Tu te débats, mais le monde veille dehors,
Et tu ne sortiras plus de ta petite boite.
Ma cervelle t’assiège, ton souvenir s’affame.
Je me saoule au bruit du monde et ta voix s’étouffe
De plus en plus faible, de plus en plus folle.
Le téléphone sonne.
C’est ta voix.
Tu t’es échappé.
Tu penses encore à moi, tu dis de belles choses,
Tu attends mon appel.
Je te manque.
Blasphème !
Sombre diable.
Et je replonge dans la folie.
Tu n’étais pas emprisonné,
Les barreaux au travers desquels
Je te voulais dépérissant
Sont ceux de mon cachot.
Des heures de deuil,
Le calvaire d’un matin,
Que tu ridiculises
Et réduis à néant
Avec mots sur un répondeur.
A nouveau tu hantes mes heures.
Tu veux tout n’est-ce pas ?
La liberté des ombres, la tendresse des vivants.
Tes mots effacent la frontière entre la nuit et le jour ;
Dans les brèches que tu creuses
Dans cette ligne blanche,
S’engouffrent mes chimères.
Tu existes, c’est là ton crime.
Quelle insolence, quel affront !
Je te croyais mirage,
Et de cette seule croyance je tirais ma consolation.
Dans cette seule croyance je parvenais à te pardonner
Cette absence injurieuse que m’infliges,
Quotidiennement,
Inlassablement.
Dois-je t’achever ?
Comment t’enterrer ?
Tu vis déjà dans un gouffre…
Le gouffre profond et sombre de mes fantasmes.
Ton rêve à ma cheville est une lourde chaîne
Et sans cesse il me traîne vers une nuit humide.
Si je tirais assez fort, comme ces chevaux déments,
Parviendrais-je à t’extirper de ces ténèbres noirs?
Je lève mon glaive au dessus de ta nuque.
Jamais pourtant mon bras ne s’abaisse,
Je ne sais pas trancher.
Le tourment fiévreux de ton existence,
Ou le vide mortel de ta disparition.
La drogue ou le néant, vois le choix que tu me laisses.
Tu n’as pas le droit,
On te jugera, et tu paieras pour cette existence,
Ton sourire, tes mots tendres, circonstances aggravantes.
Des jurys trop cléments me poussent à la vengeance.
L’ampleur délicate de ma souffrance leur est insignifiante.
Un jour aussi je t’enchaînerai,
Un jour aussi j’existerai.
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