mercredi 19 novembre 2008

The return of the flying kyte

De répit vous n'aurez point, je vous gave à nouveau de poèmes pour enfants! Au programme: hippopotames, baleines et sorcières. Rien de trop compliqué en théorie. Trois poèmes d'un coup, cétacé (j'ai pas casé le jeu de mot dans le poème, alors c'est vous qui vous le tapez, désolé).

Chants d’abysses

A l’heure où le soleil, écarlate d’amour,
Gonflé des émotions et des rires du jour,
Est prêt à se coucher dans l’océan glacé,
Ses rayons se colorent d’étranges mélopées.

Quels sont ces chants profanes, si sensés mais sans mots
Qui bercent les icebergs, et flattent les ormeaux ?
C’est la complainte douce du grand ange des mers,
De la baleine immense, qui chante l’amour des mères.

La lumière antarctique danse avec la banquise
Quand les accords parfaits vibrent dans les eaux bleues.
Un miracle scintille sous les vagues exquises
Quand glisse la baleine sous le ciel amoureux.

Sur l’écume des vagues, sur l’écume des jours,
Cet immense amour bleu franchit mondes et âges,
Bravant tous les ailleurs, le regard vers toujours,
Elle éclaire l’abysse de sa gracieuse nage.

Grande magie nacrée, son œil serein et digne
Est le témoin muet de la folie du monde.
Et d’un soupir royal, elle nous envoie un signe,
Ce geyser argenté qui mêle ciel et onde.

Dans le ciel noir ébène des lents déserts arctiques,
Les baleines dessinent des aurores boréales
Qui soulagent nos yeux des horreurs du réel
Et colorent les rêves des enfants atlantiques.

Ecoutez l’harmonie de ce paradis blanc,
Et les accords parfaits des longs poissons d’argent.
Chaque jour nos harpons en étouffent les notes
Et les harpes des mers en silence grelottent.

Les baleines s’éloignent en mirages graciles.
Dans un vibrant adieu ces ombres musicales
Tracent dans l’océan des messages subtils,
Nous libèrent des peurs, des peines abyssales.


Madame et dépendances

Loin des rives glacées et des baleines à bosse,
Dans les flots bouillonnants d’un fleuve paresseux
Se prélasse et s’étire un opulent colosse,
Qui sculpte la savane de son être boueux.

L’excès ne sera plus privilège marin,
Proclame l’orgueilleuse dodue des marécages
«Le rorqual se targue d’un si bel embonpoint,
Mais mes formes s’élèvent plus haut que les alpages ! »

Ainsi se gargarise la belle Dame Hippo,
En se mirant rêveuse dans l’eau tiède du bain.
Mais les miroirs d’Afrique sont des peaux de chagrin,
L’élégante s’adore morceau après morceau.

Car le large Narcisse cultive l’opulence
Et la pluie doit tomber des jours en abondance
Pour former une psyché où la joufflue diva
Pourra se satisfaire de son entière aura.

D’un crépuscule à l’autre, l’éthérée demoiselle
S’applique à se vautrer dans son marais moelleux
Et sur sa croupe nichent nombreuses hirondelles
Fières d’avoir conquis ces îlots mystérieux.

Le gracieux monticule est plus coquet que gros
Argument appuyant une élégance rare.
Alanguie noblement, elle laisse les oiseaux
Masser ce dos qu’un jour, on prit pour Gibraltar.

Elle bulle veillée par quelques libellules
Qui voletant entonnent des airs de Sibelius
Ses lourds petons frissonnent et elle se voit en tulle,
Dansant sur les plateaux, de Lhassa à Vilnius.

Car de rêves énormes, Miss Potam en regorge,
Un beau dans l’arrière train, un autre au garrot,
Un espoir généreux, un grand souhait qu’elle forge
S’emplissant de fierté, débordant de culot.

Dans son spa tropical, elle soupire d’aise,
Et laissant s’éloigner les gazelles qui trottent,
Elle oublie les surnoms et les regards qui pèsent,
Et sourit en pensant qu’elle au moins elle flotte.


Maudite fée clochette

Ce qu’il faut être aveugle, pour croire en ce mensonge
Que peint insolemment ce qu’on nomme miroir.
Et parmi tous ces traîtres, le pire est bien le songe
Qui peut en un instant changer le blanc en noir.

Si les flaques d’Afrique s’évaporent trop vite,
Si les psychés classiques, élargissent les hanches,
Ecoutez le mirage dont on répand le mythe,
Et qui a engendré des lunes de nuits blanches

Imaginez un soir, un petit brin de femme
Qui s’endort calmement au creux d’un lit moelleux
Quand soudain elle rugit sentant poindre le drame
Qui la glace soudain d’un effroi nauséeux.

Car alors qu’elle allait le long du corridor
Le miroir a osé disgracier son corps.
Une repoussante vision de désespoir
Se dandine sans gène dans le couloir noir.

La vision étrangère n’a qu’une expression lasse.
Cet abject rebut semble d’une autre race,
Tant la menue rêveuse se sent défigurée
Dans ce portrait indigne qu’a peint d’elle Morphée.

« D’où vient donc ce niaiseux sourire étincelant ?
Et ces cheveux dorés quasiment scintillants ?
Pourquoi pas une frange, des cœurs et des diamants ?
Un doux parfum de rose et un peu de thé blanc ?

Qui ose faire de moi la mièvre fée clochette
Qui couvre ses guiboles d’une courte jupette ?
Qui m’a ôté ma bosse et rasé mon menton ?
Adieu mon doux strabisme, pustules et bubons !

Mon bon Dieu changez moi plutôt en guéridon,
Qu’en ce sac à main rose plus sucré qu’un bonbon,
Plus mou qu’une guimauve, je suis édulcorée !
Qui vais-je effrayer sous ces traits pralinés ?

Car me voici plus lisse qu’une page de Vogue
Moi la sombre sorcière plus velue qu’une bogue.
Comment puis-je crier mes jurons favoris
Avec ce bruit de cloche que je fais quand je ris ? »

Fort heureusement l’aube se chargea de tirer
De ce rêve trop bleu la sorcière choquée.
Au matin dieu merci tout était revenu,
Le rire de crécelle et le menton velu.

Mais depuis l’envoûtante ne dort que d’un œil
Et guette chaque nuit l’approche parfumée
De cette cruche lisse sans ride et sans orgueil
A laquelle elle a cru un soir ressembler.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Imagination toujours aussi colorée dont l'humeur voyageuse est sertie d'un sens poétique non dénué d'humour.
Pour tout âge, à apprécier soit avec légéreté, soit avec la profondeur du moment - quoiqu'il en soit avec grand plaisir.