Les voici alanguies dans leur traîneau d’argent,
Elles arrivent en glissant et remontent le temps.
Un parfum de passé embaumant leur sillage,
Les longues âmes blanches poursuivent leur voyage.
De fiers chevaux sauvages tirent ces souvenirs.
Indomptables, fougueux, ils mènent ce cortège,
Vers les steppes brumeuses où meurent les soupirs,
Le chant des âmes blanches étouffé par la neige.
Nous sommes les compagnons de ces maigres chimères,
Qui inlassablement volent vers la lumière.
Placides et patientes, elles flottent dans le vent
Vapeurs immaculées qui baignent leurs enfants.
Les tristes âmes blanches nous tournent le dos
Nous donnerions nos vies pour croiser leur regard,
Encore un jour, une heure, revenir au berceau
Repousser d’un instant le temps de l’au revoir.
Elles se tiennent droites dans le soleil d’été
Debout face à la mer, les âmes blanches prient.
Alors souffle le vent dans leur bras déployés,
Et gorgé de lumière il traverse la nuit.
Elles courent sur les vagues, déjà elles sont au large,
Les âmes blanches volent, et nous pleurons en vain.
Regardez les voguer, ces écumes sans âge,
Caressant nos visages où coulent les embruns.
Regardons la pousser, la forêt translucide,
Où se perdent trop tôt des journées embuées.
Le bois des âmes blanches, sous sa canopée,
Abrite l’arbre des anges, aux pâles fruits candides.
Les âmes qui voyagent, ces impressions troublantes,
Savent courir le monde sans nous lâcher la main.
Nous sommes leurs vaisseaux, flottant sur le chagrin,
Guidés dans le silence, dans les lumières changeantes.
Dans le calme matin, lueurs insaisissables,
Elles montent en vapeur et fondent dans le jour.
Alors les grands déserts, les noirs enfers de sable,
Voient fleurir sous les pierres des roses de velours.
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