vendredi 8 octobre 2010

Mémoires d'oreiller

Mémoires d’oreiller

Couplet 1
Au matin tu t’en vas et moi je reste seul
Je regarde le lit que tu viens de quitter,
J’écoute le silence, faisant taire mon orgueil
Dans la tiédeur sans joie des draps ensoleillés.

Chaque nuit dans tes bras me laisse retourné
Tu m’as serré, étreint, embrassé, rejeté.
Ta chaleur doucement quitte la chambre lasse
L’empreinte de ton corps déserte ma surface.

A peine réveillé tu m’as abandonné,
Les yeux à demi clos, et sans rien expliquer
En un juron ou deux, le sort était jeté.

Refrain 1
J’ai pourtant partagé tes joies et tes douleurs,
J’ai senti contre moi couler tes larmes chaudes,
Je caressais tes joues agitées de sanglots !

J’ai compté avec toi les heures des nuits d’angoisse,
Et toi tu m’ignorais, contre moi, sans dormir,
Les yeux fixant le vide et pensant à un autre.

J’ai entendu aussi aux soirs de ton enfance,
Mille contes et histoires et autant de voyages,
Et que nous poursuivions, tous deux, toute la nuit.


Couplet 2
Chaque jour les jurons et le même abandon,
Je hante un lit défait, drapé de souvenirs,
Je attends là comme un con, et sans autre ambition
Je ne t’en veux même pas, et je me fais sourire.

Sans connaître mon crime j’accepte ma peine :
Tes excès, tes départs, ton mépris, ton oubli,
Tout ça m’est bien égal, je connais cette scène
Je connais tes excuses et tes beaux alibis.

Parfois des jours durant tu restais près de moi.
Mais tu n’arrivais pas à feindre le bonheur.
Ce n’était pas ta place, ce n’est pas mon rôle.


Refrain 2 :
J’ai connu des outrages quand tu m’as partagé
Sans un mot j’ai vécu des nuits inavouables
Et puis ta solitude, si cruelle au matin.

Tu revenais vers moi, j’acceptais en silence,
Tu respirais très fort, la tête au creux de moi,
Pour retrouver un peu du parfum de la nuit.

J’ai reçu tes secrets, tes belles confidences,
Si cachées que toi-même tu les as oubliées.
Des « je t’aime » étouffés, des rêves évaporés.

Couplet 3 :

Quand tu n’as plus le choix tu reviens près de moi.
Quand usé, épuisé, tu ne sais où dormir,
Sur mon cœur tu t’effondres et si j’avais des bras,
J’enlacerais ce corps qui ne veut plus souffrir.

J’ai trouvé là ma place parmi d’autres objets,
Avec pour seul espoir des bonheurs éphémères.
Alors secrètement je bénis les hivers
Qui te ramènent au creux de ce grand lit défait.

Un jour enfin tu resteras
Auprès de moi mais ce jour là
Mes tendres soins ne sauront pas
Ranimer ton corps trop froid.


Refrain 3 :
Je me souviens aussi des jours de fortes fièvres,
Ton corps de tout son poids, bouillant et m’écrasant,
Et ta respiration pénible et besogneuse.

J’essayais de t’étreindre, mais toujours sans succès.
A ma douce chaleur tu préférais les drogues,
Tu repartais malade et revenais mourant.

Je me souviens des jeux, et des combats d’enfants
De ton rire léger et qui ne changea pas
De ces folies sans âge auxquelles tu me mêlais.

Epilogue :
Quelques fois nous partions, tu me mettais en boite,
Et puis tu m’arrangeais, tu me voulais plus beau,
Tu me rêvais plus jeune, rebondi comme antan.

Mais bien sûr l’illusion très vite s’effaçait
Mon pauvre vieux sourire venait orner ma face,
De cet air débonnaire qu’ont les vieux oreillers.

Mais va-t-en mon ami, encore ce matin !
Je ne t’en voudrai pas, je ne suis pas tout seul,
Je fréquente en secret un très beau traversin.

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