Et qu’advient-il des amours mortes,
Quel diable inconscient les emporte ?
Elles chevauchent nos souvenirs,
Les cheveux au vent des soupirs.
Les voici rampant à nos pieds
Agenouillées sous nos épées.
Leurs gémissements si tranchants
Ne blessent encore que les enfants.
On se protège de leur laideur
Et on se cache de leurs humeurs,
Car dans les yeux de ces histoires
On craint de croiser un miroir.
On les tue puis on les embaume,
On scelle un linceul rouge et gris
Et quand le passé fait des mômes
On les achève à coup de momie.
Nous voilà seul sur un traîneau
Que neige et loups déjà entourent.
Lorsque l’on fuit un échafaud,
N’attend-on pas qu’il nous secoure ?
On retient vaguement en soi
Des foules d’âmes intrépides
Qui bâillonnées taisent pourquoi
On fut un jour aussi stupide.
Ces fantômes de sentiments,
Jeunes ou vieux, ou impotents,
Sont les compagnons d’un voyage
Qu’on veut faire seul, qu’on veut volage.
Les spectres des amours blessées,
Fondus en alizées tremblants,
Volent déjà vers les chevets
De leurs camarades mourants.
Ces souvenirs marécageux
Où flottent de tristes fantômes
Irriguent les torrents amoureux
Et donne au passé ses arômes.
Les amours mortes sont l’héritage,
Et le sillage de nos erreurs.
Et les victimes de ces naufrages
Ne meurent vraiment qu’avec le cœur.
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