Est-elle enfin venue, l’heure de la nudité ?
L’instant où les regards cessent de nous habiller,
La seconde élégante où l’on fait fi des fous,
Des vampires qu’on côtoie et qui festoient de nous.
On vous gave de vie, et vous voici parée
De peaux mortes tissées, d’apparences cirées.
Vous voici à la mode, vous avez réussi,
L’exotique étrangère, ne voit plus son pays.
Êtes-vous assez sortie de vos chaires alléchantes ?
Êtes-vous bien vêtue de toutes ces breloques
Dont vous vous recouvrîtes, intraitable immigrante
Pour mieux vous prémunir de quelque songe en loques ?
Nous voyons sur ses lèvres suinter l’écarlate
Et comme un grand oiseau dressé haut sur ses pattes,
C’est une rose debout, dormeuse qui s’ignore
Et qui puise son pourpre aux sources de la mort.
Et dans ses jolies mains, plus mortes que leurs bagues,
L’avenir désespère et les lignes s’effacent.
Suivez sous vos vêtements ces destinées trop vagues
Les écrits de vos mains qui trop gantés trépassent.
Vous êtes de ces vierges qu’on sait plusieurs fois veuves.
Vous fûtes engloutie en rêvant de peau neuve,
Sous les sueurs de prisme qui coulent des yeux des autres.
Résilles et dentelles ont aveuglé les vôtres…
Débarrassez-vous donc de ces yeux qui vous rongent,
La beauté est en vous comme l’eau dans une éponge.
Votre âme se meurt déjà ligotée à vos os,
N’harnachez pas le corps dans ces horizons clos !
Faites comme ces âmes qui au soleil couchant
Rejette à la hâte leur corps dans un lit,
Pour partir toutes nues valser jusqu’au levant
Loin de ces chimères qui marchent sur la vie.
Laisse donc la nuit suave déshabiller tes formes
Et marche sur le fil, marche jusqu’à l’aurore,
Sur le long fil d’or que les figures de proue
Tissent de leur regard qui ne voit que demain.
Laisse le droit horizon s’enrouler dans tes mains
Et au gré des astres dessiner dans tes paumes
La carte du chemin qui mène à ce jardin
Où poussent à fleur de peau des rythmes inhumains.
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