vendredi 11 janvier 2013

Barbie boy


Barbie boy....

I.
Ses doigts frêles et avides courent dans ses cheveux longs
Sur sa nuque rosée et entre ses seins ronds,
Défont coiffure et robe en un souffle impatient.
Son regard la dévore, insatisfait, gourmand.

La voici nue et vierge, offerte et sans défense,
Une brosse a la main, le garçon la saisit,
A l abri des regards, a l abri des offenses,
Un enfant solitaire recoiffe sa Barbie.

Au matin il faisait ses adieux a des fleurs,
Et a l'enterrement il pleura longuement.
Des oiseaux gris tombaient des peupliers en pleurs,
Couvrant de cendre lourde le sol du jardin blanc.

Et sur la tombe noire il écrivit son nom,
Lui qui fanait un peu si loin de sa planète,
Chaque fois qu'on riait de ses airs de poète,
Que sa poupée cruelle lui valait un surnom.

II.

Des doigts forts et avides courent dans ses cheveux courts,
Sur sa nuque musclée et son poitrail lourd,
Défont chaque bouton en un geste impatient.
Un regard le dévore, exalté et gourmand.

Le voici nu encore, offrant a l'indécence,
La plastique parfaite, que son amant envie.
Insensible aux louanges, insensible aux offenses,
Un enfant solitaire s'est changé en Barbie.

De son ego hagard, et las d'adoration,
Il contemple l'amour qui glisse sur sa peau.
Il songe au temps maudit ou les petits garçons,
L’assaillaient de surnoms plus froids que des couteaux.

Quand un matin il fit ses adieux a ses pleurs.
Dans la tombe coula, parmi ses mortes larmes ,
L'enfant a la poupée qui enterrait des fleurs
Il jura en tombant de reprendre les armes...

III

Il parcourut les ans, il parcourut les corps,
Des miroirs dans les yeux, pourtant sans réfléchir,
Et son regard de verre ignorait les remords,
Oubliait le passé, saignait les souvenirs.

Traversant un hiver, au creux d'un jardin blanc,
Il croisa un garçon aux yeux trop pleins de roses.
Dont les yeux se fanaient sous les cris des enfants,
Torturant sa poupée de leur ignoble prose.

L'enfant a la poupée, s’éveilla en son cœur
Et sur la tombe noire, ou son nom s effaçait,
Quelques fleurs enterrées arrosées par les pleurs
Resurgirent un matin en un heureux bouquet.

Sur les vitres d'un train, sur les vitres d'un œil,
Coulait une pluie drue, coulait la pluie du deuil.
La pluie des au revoirs, des amours en partance
Transperçant le plastique ou dormait son enfance.

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