Alors que les roues froides du train des heures perdues
Martèlent sur les rails leur refrain implacable,
Au rythme de la fuite qui me tire vers hier,
Mon esprit en exil et mon âme captive
Reprennent les arias qui distillent ma vie.
Lorsque mes yeux se closent fleurissent les images
Semées au gré des âges par le son d'un opium
Angélique et fantomatique
La musique du temps, constante et volatile,
Qui frappe sur ma tempe le sceau indélébile
De la fragilité du moindre sentiment
Et fait de chaque seconde un joyau ravissant.
La musique des rires qui s'écoule gaiement
Entre les lèvres roses des enfants de tous âges.
Son souvenir distille les fruits de l'enfleurage
Des instants colorés de la vie au levant.
La musique des larmes qui perlent et qui se brisent
En un tintement sublime affolant de douceur
La tristesse se tait lorsque les pianos pleurent
Et emplissent d'amour les canaux de Venise.
La musique d'un cœur qui pleure des romances,
Entonne des mélopées qui percent les nuages
Et t'offrent le soleil dans son plus beau naufrage,
Ce crépuscule mauve que ton parfum nuance.
La musique de ton nom que le vent me répète,
Et qui berce mes nuits et fait danser mes jours,
Dont les accords fleurissent en roses de velours
Et se fanent en narcisses quand ils quittent ma tête.
Et le silence parfois vient planer sur ma vie,
Charognard assoiffé du sang de mes souffrances.
Le silence qui laisse des orphelins déments,
Prisonniers d'un néant glacial et étouffant.
Egaré en plein cœur d'un dédalle de tourments,
Le silence m'assourdit et injecte en mes veines
Le poison sournois d'états d'âme dissonants
Qui rongent comme un acide les parfums de l'été,
Et précipite l'espoir aux confins de l'oubli,
Dans un monde inhumain, qui étrangle l'écho.
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