Croire...
J'ai longuement hésité avant d'aborder sur mon blog ce délicat sujet qu'est la religion. Plutôt que de parler de religion, je vais d'ailleurs parler de croyance (au sens espérance) ou de foi dans cet article. Je dois avouer que je pars un peu dans l'inconnu, et que je ne suis pas très calé en ce qui concerne le vocabulaire correspondant au thème abordé. Dans mon esprit, le terme "Religion" implique l'institution qui formalise la croyance, et parfois son influence sociale. Ce n'est pas le thème que je veux aborder aujourd'hui, car bien que baptisé et communié (grandement, mas pas confirmé), ce monde m'est assez étranger. Je ne veux donc pas porter de jugement sur un milieu que je ne connais que partiellement. Pour moi la foi est quelque chose d'intime, qu'il est difficile de partager directement et en tant qu'abstraction avec les personnes partageant les mêmes croyances, et donc encore bien plus difficile de partager avec des personnes pour qui la religion est étroitement mêlée à l'état, à la culture ou à la cohésion sociale, qu'elles appartienennt à ma religion ou à une autre.
Si vous avez un peu suivi mon parcours, je ne vous apprends rien en vous confessant que ma formation a toujours été à dominante scientifique. Mon éducation aussi, puisque mon père a suivi une formation semblable à la mienne. Grandissant dans un environnement carthésien, dans une famille majoritairement non partiquante, avalant gouluement mes biberons d'équations dans l'espoir de voire naitre d'un coup de formule mathématique une représentation logique et évidente du monde, je ne posais guère de questions, et ma crise de foi ne fut pas précoce. Quand on se questionne sur le monde physique, le monde inerte des attractions et des forces, on trouve souvent une explication rationnelle. Les beaux rouages qui animent le caroussel sur lequel nous sommes tous embarqués, qui nous animent tous et qui font que le monde est monde est pour la science un livre ouvert. Certes il sera plus long à lire que le dernier Harry Potter, mais l'intrigue est comprise et les personnages bien cernés. Même la vie dévoile ses secrets. La diversité et l'unicité de l'être humain, son cerveau et même ses rêves s'expliquent maintenant rationnellement, et donc forcément trivialement, car il n'y a rien de plus trivial (car déshumanisé) que la science. Je conçois parfaitement qu'on puisse passer de nombreuses années (et c'est mon cas) voire toute une vie (et ce n'est plus mon cas) à se satisfaire de ces explications. Mais pour se contenter du rationnel, il faut soigneusement éviter un certain nombre de questions (autant courir les yeux fermés, la nuit, lumières éteintes et bandeau sur les yeux dans une forêt noire, et essayer d'éviter les arbres!).
Vous voulez peut être que je vous indique ces questions maudites qui vous interdiront de vous reposer dans une confortable logique? Vous pensez peut être qu'en en ayant pris connaissance, vous saurez mieux les éviter et pourrez vous contenter de comprendre ce qu'on vous explique, et d'apprendre ce qu'on vous a dit ne pas pouvoir expliquer. Malheureusement je ne connais personne qui ait eu connaissance de ces questions, conscience de leur portée, et qui ait su toujours les éviter. Quel est le but de la vie? Quel est son sens? Comment finit-elle? (Par vie comprenez à la fois le moment que nous passons ensemble sur terre, et la conscience qui lorsqu'elle est présente indique généralement qu'un corps est en vie). Comment connaitre l'autre, l'aimer si l'on se pose ces questions? Comment apprécier la ve, les bonheurs de tous les jours, si l'on n'a pas les réponses à ces questions?
J'ai longtemps cru que la foi était réservée à des simples, des "imbéciles heureux" qui au lieu de se questionner sur le pourquoi des choses, s'en remettaient systématiquement à une force supérieure, une explication unique et évidente. Comme s'ils avaient fermé les yeux sur la complexité du monde, comme s'ils avaient baissé les bras. Bien sûr certains sont de ceux là, et nul besoin de préciser qu'ils font fausse route à mes yeux. D'autres n'ont pas baissé les bras: les yeux rivés sur leurs feuilles de calculs, ils luttent pour expliquer tout ce qu'on peut expliquer simplement par la science. Ils sont plus courageux déjà c'est évident, mais ils sont aussi très prétentieux. On ne peut pas limiter le monde à ce que l'on comprend: c'est le prendre de haut, le réduire, le résumer. Il est tentant de ne prendre en compte que la partie de la vie que l'on peut apprivoiser, et cette partie est importante. Elle est même sûrement suffisante pour vivre convenablement. Mais c'est là la facilité, le choix sans courage. Car voir qu'il y a des pans entiers de soi même et des autres qui nous échappent, c'est voir son imperfection, son incommensurable insignifiance. Non pas face au monde ni face aux autres, mais face à une série de questions toutes simples que nous pourrions nous poser à chacune de nos respirations.
On peut alors faire le choix de vivre en gardant à l'esprit que les réponses aux questions fondamentales de notre existence ne sont pas à notre portée. Ou plus exactement qu'elles ne sont pas à la portée de la connaissance au sens où nous l'entendons généralement: la connaissance scientifique. Un esprit humain normalement constitué ne se satisfait pas de questions sans réponses. Dès qu'il a conscience qu'une question est posée et reste ouverte, il ne connait plus de repos. Comment vivre alors avec la conscience de l'existence de toutes ces questions si simples, que nous pouvons nous poser à chacune de nos respirations, sans pouvoir y répondre? C'est ce que j'appelle croire.
Croire pour moi c'est se dire qu'on peut vivre en paix avec toutes ces interrogation tortionnaires, en trouvant dans sa foi une réponse personnelle. Croyons alors, mais en quoi? C'est à vous de voir. Moi je crois en vous, voulez vous croire en moi, croire en nous? Croire que nous sommes simplement tous les réponses aux questions que chacun se pose? Oui mais pour croire en l'autre il doit falloir l'aimer. Ou faut-il croire pour aimer?
Pour trancher certains croient en un certain monsieur qui les aimait très fort, comme ça, pour rien. Il avait dit un truc style "aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés". Comme ça forcémént ils s'aimaient tous puisqu'ils croyaient en lui...
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