Les premières notes s'écoulent sous des larmes de lune
et font trembler la peau d'une onde boréale
qui envahit l'émoi glacé des infortunes
d'un pantin poussiéreux à l'antre minéral.
Le nocturne envoûtant pleut d'un flot sensuel
Et transpire d'un chant de prières, qui mêlent
Dans la brume des passions l'amour de leurs esclaves.
De neige amère en pluies acides naît l'absinthe irisée
Qui distille en pleurant les doléances stériles
De ses disciples ivres d'un bonheur inconscient
Elle ravit à la mort les otages libérés
Qu'elle asservit déjà d'une caresse éthérée,
Et abreuve de la drogue qui coule au fond du lit
De cette danse capiteuse aux lourds parfums d'oubli.
Les arpèges pénètrent en leur pantin soumis
Par la moindre beauté de son esprit blanchi,
Rebondissent et résonnent au clair de ses absences
Et emplissent ses silences d'une prière d'existence.
Ils éclairent les recoins froids et sombres du temps
D'une flamme rêveuse aux pourpres vacillants,
Et projettent sur le mur un Pierrot consolé
Par les drogues trop rares de son corps oublié.
Le phoenix d'albâtre danse en lui sous la transe
De pulsions symphoniques aux accords de jouvence.
Il est pâle et réel comme le froid d'un matin
Et agite de ses ailes l'espoir du lendemain.
Dansant sur le fil d'or tissé entre ses rêves,
L'oiseau de liberté oublie ses heures de cendres,
Blotti dans l'infini des rares instants de trêve
A la lisière des mondes il voit la nuit descendre,
Et sait qu'au matin vrai se répandra sa sève,
Le fil d'or sera là, décroché des étoiles,
Et c'est sur une potence que danseront ses rêves.
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